26 Février 2011
Ni militaires ni policiers libyens, qui sont ces hommes armés, dont certains s'expriment en français et qui ont été en première ligne de la répression des manifestants ?
Les uns sont des soldats démobilisés d'Europe de l'Est : des pilotes, des mécaniciens, des formateurs venus des anciennes républiques soviétiques. Les autres ? Ce sont « les résidus de tous les conflits dans lesquels le président libyen s'est ingéré durant quatre décennies », explique Colette Braeckman, journaliste au Soir de Bruxelles.
La Légion islamique
Effectivement, ce sont des supplétifs fournis par les pouvoirs ou les rébellions d'Afrique auxquels le Guide libyen a apporté son soutien. Dès 1977, il avait rallié plusieurs milliers de tourareg maliens et nigériens et les avait intégrés à sa Légion islamique. Par la suite, Kadhafi a élargi son champ d'action. Via le Tchad, il a appuyé certains groupes rebelles du Darfour. Il a soutenu Charles Taylor au Liberia et Lansana Conté en Guinée (une cinquantaine de Guinéens seraient en Libye actuellement). Il a aussi soutenu le clan Kabila dans sa lutte contre Mobutu.
Ses ambitions africaines l'ont poussé à s'engager plus à fond. Celui qui se présente comme le « roi des rois traditionnels » a appuyé le président Patassé de Centrafrique, en 2002, alors que les Français souhaitaient imposer François Bozize. Lorsque l'armée centrafricaine a fait appel aux troupes de Jean-Pierre Bemba, basées dans la province congolaise de l'Équateur, c'est Kadhafi qui a payé la facture du corps expéditionnaire congolais, dont les exactions vaudront à Bemba de se retrouver inculpé par la Cour pénale internationale.
Pour tenter de mater la révolte, il n'a eu qu'à puiser dans ce vivier de « soldats perdus » de ses guerres africaines.