Les prémisses d’une dictature en Guinée

Très en verve au cours de la conférence de presse qu’il a tenue avant-hier mercredi à Dakar, le président de la Génération citoyenne de Guinée (Géci), Mohamed Fodé Soumah, a dressé un tableau plutôt sombre de la situation en Guinée, à l’aune des cent premiers jours du président Alpha Condé à la tête du pouvoir. 

Quatre mois après l’installation du Président Alpha Condé à la tête du pouvoir en Guinée, « la balance penche plutôt du côté négatif même si je souhaite que le Gouvernement réussisse, au seul bénéfice de la Guinée et de ses fils. » C’est ainsi que le président de la Génération citoyenne de Guinée (Gé-ci), Mohamed Fodé Soumah, de passage à Dakar où, dit-il, il a grandi, a résumé la situation en Guinée. Dans le détail, les actes posés selon lui par le Président Condé, « sont les prémisses d’une dictature en Guinée », dit-il.

« Comment peut-on, dans une vraie démocratie, demander à des centrales syndicales(8) de se fondre en une seule. Ce n’est pas responsable », estime l'ancien candidat à la dernière élection présidentielle de Guinée, qui ajoute que depuis le début, on assiste à une chasse aux sorcières avec des limogeages tout azimut de beaucoup de responsables et de cadres guinéens. En outre, fustige M. Soumah, « comment comprendre qu’après les incidents du 04 avril dernier lors du retour en Guinée du candidat Cellou Dalein Diallo, le Gouverneur de Conakry puisse être reconduit ? ». Et d’estimer que « Si ce n’est pas Condé qui était derrière ces incidents, le Gouverneur de Conakry devait être limogé. »

Selon M. Soumah, la démocratie, ce n’est pas seulement des élections. C’est aussi une démarche rationnelle or, « on assiste aujourd’hui, à un gouvernement de 50 ministres et des nominations fantaisistes, des dérives et autres violations de la constitution », confie M. Soumah qui déclare : « La démocratie est mal partie chez nous. » 

Pour M. Soumah, le Président peut bien dire qu’il n’a pas hérité d’un Etat, « mais il a quand même trouvé des acquis. » De plus, « il dit qu’il a trouvé un pays exsangue, « mais il procède à un recensement qui coûte excessivement à la Guinée », ajoute M. Soumah pour qui, il n’est pas question que l’opposition guinéenne soit une caisse de résonnance.

Par ailleurs, « lorsqu’on veut être représentatif de tout un peuple, on ne peut pas rester chef de parti », estime-t-il avant de lancer un appel aux chefs d'État africains d'avoir l'audace de démissionner de la tête de leur parti après leur élection à la tête de la magistrature suprême.
D’élections législatives, le pouvoir en place n’en parle même plus alors qu’il était convenu que celles-ci se tiennent six mois après la présidentielle, rappelle M. Soumah qui entend cependant mener une bataille avec tous les partis d’opposition pour le respect du calendrier électoral.

Pour le président de la Gé-ci, ce qui manque actuellement à la Guinée, c’est un contre-pouvoir. « C’est parce qu’il n’y a pas de contre-pouvoir qu’une certaine dictature s’installe en Guinée, avec un Président qui navigue à vue », déclare encore celui dont le slogan du parti est « servir et non se servir » et qui s’engage à « ressusciter » « la Grande Guinée ».  

Aussi, parler de réconcilier de la Guinée avec elle-même, il y a des préalables et c’est d’abord des fondations qui reposent sur la justice sociale. La justice tout court ! 
C’est ainsi que sur la question des massacres du 28 septembre qui semble jetée aux oubliettes, M. Soumah estime que « non, nous sommes alertes et entendons mettre tout ce package dans les préalables à la réconciliation. »

Sous ce rapport, estime Mohamed Fodé Soumah, « le signal fort que le président Condé aurait dû donner dès l’entame de son mandat, ce serait de prendre son bâton de pèlerin et de sillonner le pays à la rencontre des guinéens toutes catégories sociales confondues et leur parler ». « Il a ainsi raté une belle occasion d’amorcer cette réconciliation », regrette encore M. Soumah qui privilégier tout de même le dialogue, « pour avancer ensembles. »