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La Guinée nouvelle

Mali : la bombe à retardement de Kadhafi

Objet d'un véritable culte dans ce pays où la Libye a longtemps été l'un des principaux investisseurs, Kadhafi contemple de là haut la déliquescence du Mali, dont la rébellion armée et la prolifération des armes sont les conséquences conséquence directes de l'intervention militaire de l'ONU.
« Il faut dire et répéter que le facteur déclenchant de tout cela est l'intervention occidentale » en Libye. La sentence est sévère, elle concerne le Mali et est signée Eric Denécé, Directeur du CF2R (Centre Français de Recherche sur le Renseignement). Co-auteur en mai 2011 d’un rapport intitulé « Libye, un avenir incertain », il y décrivait déjà les liens historiques entre Kadhafi et les touaregs en provenance du Mali, activement protégés et financés par le Guide dans les années 90. « Kadhafi fait de nouveau parler de lui en 2005, en accordant à tous les Touaregs nigériens et maliens présents sur son territoire une carte de séjour à durée illimitée » rappellent les auteurs du rapport. 

Très vite apparaissaient les craintes du régime malien quant aux risques de déstabilisation régionale. Des centaines de combattants venant du Niger et du Mali viendront porter assistance à Kadhafi au moment de la rébellion «  considérant avoir une dette de sang à son égard ». 

Rencontrés par la mission, les services de renseignement se montrent très inquiets quant au devenir des armes pillées par les insurgés dans les arsenaux libyens. Des membres d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI)  auraient en effet acquis plusieurs centaines d'exemplaires de ces matériels des mains de trafiquants libyens. « Si l’information n’a pas été confirmée, les services français ont émis la crainte de les retrouver demain au Sahel, en Afghanistan ou à La Courneuve ». Claude Guéant confirmera par la suite  la présence de ces armes dans le Sahel. « En effet, les autorités maliennes ont récemment déclaré avoir déjà enregistrés plusieurs signes d'infiltration d'armes (AK 47, RPG 7, ZU 23 SAM 7) et de matériels (pick-up et camions de transport de troupes) dans le nord du pays. C’est pourquoi, fin avril, le ministre malien des Affaires étrangères, Mr Soumeylou Boubeye Maïga, jugeait la situation « grave et préoccupante » dans la région ».


LE MALI EN LAMBEAUX

Après le coup d'Etat militaire, le Mali est coupé en deux. Le Nord est aujourd’hui contrôlé par les Touaregs et les islamistes d’Ansar Dine, proches d’Aqmi,  qui souhaitent instaurer la charia dans tout le pays, rééditer « l’exploit de la « longue marche », eux dans le rôle de Mao-Tsé Toung, le Coran à la place du livre rouge, la lance-roquettes à la place du glaive » écrit l’éditorialiste du Républicain qui diagnostique qu’en prenant le Mali « Aqmi a désormais sa grande muraille ». Au Sud, la confusion est totale... 

Ancienne colonie, zone d’influence française, l’attitude hexagonale est vertement critiquée, notamment par le site d’information Guinée Conakry Infos : « quand le chef de la diplomatie française indique qu’il n’est pas question pour la France de déployer des troupes au sol pour ramener l’ordre et la stabilité au Mali, on se dit que c’est l’ultime insulte que cette ancienne puissance coloniale assène à toute l’Afrique, affirme Guinée Conakry Infos. Parce qu’il ne faut pas perdre de vue que c’est parce que cette même France, aux côtés d’autres puissances, a choisi de déclencher une guerre en Libye, que le Mali se retrouve aujourd’hui en lambeaux. ». 

Justement Alain juppé a reconnu que « la situation en Libye, et la circulation des personnes et des armes, ont ravivé ce conflit et favorisé l’offensive de la rébellion en janvier » mais le Ministre des affaires étrangères a souligné qu’ « elles ne l’expliquent pas », excluant que la France, ex-puissance coloniale, envoie des troupes au Mali pour y garantir l’intégrité et la sécurité du pays. La plupart des opérations militaires, Afghanistan, Libye, Somalie, ont montré leurs limites politiques.  Déjà en Libye, au sud et à l’est les tribus réclament leur indépendance, quand elles ne proclament pas l'autonomie.  
 
Compte tenu de la responsabilité portée par les puissances occidentales dans le chaos qui vient, face à cette zone de non-droit, incontrôlable, en expansion permanente, l’occident sera sans doute contraint d’intervenir pour gérer au moins la situation humanitaire. Mission : réparer les pots cassés.
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