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La Guinée nouvelle

Mali : Un Français aurait piloté « Air Cocaïne »

 

La semaine dernière, après des mois de filatures, les policiers ont arrêté Eric Vernay dans la banlieue de Bamako. La presse malienne le qualifie déjà de « cerveau » du trafic

 

L’énigme de l’avion abandonné en plein Sahara en novembre 2010 s’éclaircit.

 

Le mystère de l’avion crashé dans le désert malien il y a un an et demi serait en passe d’être résolu. Et un Français pourrait bien être impliqué dans cette rocambolesque affaire de trafic international de stupéfiants. Retour en arrière, à l’automne 2009. A une date approximative, entre fin octobre et début novembre, l’épave d’un Boeing est découverte dans la région de Bourem, à plus de 1.200 kilomètres au nord de Bamako, en plein Sahara. L’appareil, long de 46 mètres, a été incendié, à l’évidence pour masquer tout indice. Mais il semble qu’il transportait plusieurs tonnes de cocaïne, peut-être dix.

 

La région désertique est difficile d’accès. Mais ce n’est pas le seul obstacle. Les autorités maliennes, au plus haut niveau, ne semblent pas très chaudes pour informer leurs partenaires occidentaux des évolutions de l’affaire. La brigade des stupéfiants de Bamako est écartée. L’enquête est en effet confiée à la sécurité d’Etat, placée sous l’autorité directe du président malien. La DEA américaine, très intéressée, manque de billes. « On pense que c’était un Boeing 727, mais on n’est pas sûr, il n’y avait plus le numéro de série, expliquait à France-Soir un responsable de la DEA, au printemps dernier. On pense qu’il a été brûlé volontairement. Il n’est pas impossible qu’il était chargé de cocaïne. » Les agents spéciaux américains reconnaissaient surtout leur difficulté à « à obtenir des informations » dans ce « no man’s land ». Ainsi, dans un câble classé « secret » en date du 1er février 2010, et dévoilé par WikiLeaks, l’ambassade américaine à Bamako, décrit le black-out dont « l’avion de la drogue » fait l’objet. C’est que l’image du Mali est sérieusement écornée puisque le pays fait désormais figure de point de passage pour la cocaïne sud-américaine à destination de l’Europe, en relation avec des groupes armés islamistes comme l’Aqmi (al-Qaida au Maghreb islamique).


Curieuses liaisons

Mais, petit à petit, le scénario d’« Air Cocaïne » s’éclaircit : l’avion aurait quitté l’Amérique du Sud, direction le désert malien où il aurait déchargé sa cargaison. Puis l’appareil n’aurait pas pu redécoller sans doute parce que le kérosène était de mauvaise qualité. Il se serait crashé puis aurait été volontairement incendié. Son immatriculation a été masquée, mais elle va être reconstituée par les services secrets maliens. Elle correspond à un appareil enregistré en Guinée-Bissau, pays notoirement investi par les narcotrafiquants, dont l’autorisation de vol a expiré en mars 2009. Affrété par la société Africa Air Assistance, basée à Dakar, le Boeing 727 semble assurer de curieuses liaisons entre la Colombie et le Mali. Africa Air Assistance est également apparue dans une autre affaire de Boeing chargé de coke en Guinée-Bissau.


La semaine dernière, après des mois de filatures, les policiers ont arrêté un Français dans la banlieue de Bamako. Eric Vernay, c’est son nom, expatrié de longue date au Mali, travaillait avec Africa Air Assistance. La presse malienne le qualifie déjà de « cerveau » du trafic, sans avancer de réelles preuves. Elle affirme qu’il aurait lui-même piloté l’appareil. Le Français nie mais a été écroué à la maison d’arrêt de Bamako. Jeudi, lors d’un point presse, le Quai d’Orsay a indiqué que le consulat de France à Bamako suit « naturellement » le « dossier de cette personne » dans le cadre de l’exercice de la protection consulaire.

Quant à la drogue, elle aurait transité dans la ville malienne de Gao où elle aurait fait le bonheur de quelques narcotrafiquants en lien avec Aqmi.

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