6 Mai 2010
Ils étaient des milliers d'hommes, coiffés de leur calotte traditionnelle et de leur djellabas aux couleurs claires, à rendre un dernier hommage jeudi au défunt président du Nigeria Umaru Yar'Adua dans sa ville natale de Katsina, dans le nord du pays.
Yar'Adua, 58 ans, qui était depuis 2007 le président du pays le plus peuplé d'Afrique, est décédé mercredi vers 21H00 GMT à sa résidence officielle d'Abuja après une longue maladie liée au coeur qui l'avait fait disparaître de la scène publique depuis presque six mois.
Le corps, arrivé dans l'après-midi en avion d'Abuja avec les membres de sa famille, Turai son épouse entourée de ses enfants en larmes, a été accueilli à l'aéroport par 21 coups de canon.
Enveloppé dans un drapeau blanc et vert cru, aux couleurs du Nigeria, le corps, placé dans un cercueil fait de simples planches sans couvercle, a été transporté par des militaires aux uniformes du même vert au domicile familial.
Tout le long de la route menant de l'aéroport vers ce site de la ville millénaire, écrasée sous le soleil, des milliers de badauds curieux ou émus, prient ou chantent "Allahou Akbar" (Dieu est grand).
Dans la vaste maison modeste d'apparence, dotée d'un toit de zinc, une soixantaine de parents proches. Hommes d'un côté, femmes de l'autre.
Nombre de dignitaires avaient été installés dans un stade de football jouxtant la maison, faute de place sans doute.
Parmi les milliers de personnes venues pour l'événement, le Premier ministre du Niger voisin Mohammed Danda, et au niveau de l'Etat fédéral une délégation composée des dirigeants du parlement, des chefs du Parti démocratique du Peuple (PDP, au pouvoir) et de nombreux religieux.
Le président Goodluck Jonathan, qui avait prêté serment le matin même à Abuja, était absent.
Les forces de l'ordre, armée et police, dépêchées à Katsina pour assurer la sécurité, semblaient noyées dans la foule.
Yar'Adua devait être enterré selon la tradition musulmane avant la tombée de la nuit. Aussi après la halte au domicile familial, le cortège a pris la direction du cimetière public de Danmarna, dans la ville aride et poussiéreuse, suivi par une immense foule recueillie.
La majorité des bureaux et commerces étaient fermés pour le dernier hommage à l'enfant du pays, gouverneur de 1999 à 2007 de l'Etat du même nom où il avait introduit la charia (loi islamique) avant de remporter la présidentielle.
Un petit commerçant du marché proche, Mohammed Sanni, 43 ans, ne tarit pas d'éloges pour son héros.
"Je n'arrive pas à exprimer ce que je ressens. Il était très important pour les gens de Katsina car il a amélioré la santé, l'éducation et le développement des infrastructures quand il était gouverneur. Il va beaucoup nous manquer", dit-il avec émotion.
Devant la grande mosquée centrale, dont la tour en torchis date du XIe siècle, un vendeur de dattes est assis sous un arbre.
"Je viens d'apprendre la mort de Yar'Adua, alors que je venais de mettre mes étals. Je vais fermer pour la journée pour faire le deuil de sa mort. Je suis en état de choc", confie Zakari Mudi.