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La Guinée nouvelle

Portrait des deux candidats par le nouvel obs

 

Cellou Dalein Diallo, 58 ans, arrivé en tête du premier tour de l'élection présidentielle du 27 juin en Guinéeavec 43% et qui affrontera Alpha Condé au second tour dimanche 7 novembre, a été plusieurs fois ministre puis chef de gouvernement sous le régime du défunt général Lansana Conté.

Ses détracteurs lui reprochent d'être un "pur produit du système Conté" mais ses proches présentent, au contraire, comme "un atout" ses dix années d'expérience gouvernementale.

Membre de l'ethnie peule, une des plus importantes du pays, Cellou Dalein Diallo est issu d'une grande famille d'imams du village de Dalein, proche de Labé, capitale du Foutah Djallon (centre). C'est à Conakry puis à Paris qu'il s'est formé comme économiste.

A partir de 1996, l'autocrate Lansana Conté le nomme successivement ministre des Infrastructures économiques, des Transports et travaux publics, puis de la Pêche. Puis il dirige le gouvernement pendant 16 mois, de la fin 2004 jusqu'à son limogeage en avril 2006 sur fond de lutte d'influence, alors que le dictateur Conté est absent des affaires.

"Conté était malade et c'était lui qui représentait alors la Guinée. Il a un vaste réseau de relations sur le plan international", affirme un proche.

En 2007, Dalein Diallo devient président de l'Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), avec le soutien du charismatique opposant Mamadou Bâ (décédé en 2009).

 

Blessé et hospitalisé à Paris

Fin 2008, quand de jeunes officiers prennent le pouvoir à la mort de Conté, il prend acte du putsch sans s'y opposer, comme la grande majorité des dirigeants politiques. "Il n'y a pas eu de résistance en raison de la crise de légitimité des institutions et de la misère", dit-il, disposé à travailler avec le nouveau pouvoir "pour déboucher sur une transition apaisée".

Mais la désillusion s'installe dans le pays. Et le chef de la junte, Moussa Dadis Camara, fait de lui une de ses bêtes noires.

Le 28 septembre 2009, quand l'armée réprime dans le sang un rassemblement de l'opposition (156 morts), il est sérieusement blessé et hospitalisé à Paris.
Il est marié et père de trois enfants.

 

Alpha Condé, 72 ans, candidat au second tour de la présidentielle dimanche 7 novembre en Guinée face à Cellou Dalein Diallo, s'est opposé à toutes les dictatures depuis l'indépendance, passant deux années en prison sous la présidence du défunt général Lansana Conté. Celui qu'on présente en Guinée comme "l'opposant historique" n'a jamais été membre d'aucun gouvernement. Au premier tour de la présidentielle, le 27 juin, il a obtenu 18% des voix.

Né le 4 mars 1938 à Boké, en Basse-Guinée, Alpha Condé est malinké, une ethnie majoritairement installée en Haute-Guinée, dans l'est du pays. Parti en France à l'âge de 15 ans pour y poursuivre ses études, il y obtient des diplômes en économiedroit et sociologie avant d'y enseigner. Il dirige dans les années 60 la Fédération des étudiants d'Afrique noire en France (Feanf).

En 1970, il est condamné à mort par contumace par le "président à vie" Ahmed Sékou Touré (1958-1984) qui dirige le pays d'une main de fer. Débutent alors deux décennies loin de la Guinée où il ne rentre définitivement qu'en 1991. A la mort de Sékou Touré, en 1984, le militaire Lansana Conté se saisit du pouvoir. Sous son règne, les élections ne seront jamais ni transparentes ni crédibles. Quand Alpha Condé se présente à la présidentielle, il est officiellement crédité de 27% des voix en 1993 et de 18% en 1998.

 

Nelson Mandela pour modèle

Il est arrêté en 1998 avant même la proclamation des résultats électoraux, puis condamné en 2000 à cinq ans de prison pour "atteintes à l'autorité de l'Etat et à l'intégrité du territoire national". Il purgera la moitié de cette peine. Du fait de nombreuses pressions internationales, il est "gracié" en 2001 par Lansana Conté et remis en liberté.

A sa sortie, il assure que son "modèle" est Nelson Mandela, ancien prisonnier politique et militant anti-apartheid devenu en 1994 le premier président noir d'Afrique du Sud, et ajoute : "il faut faire comme lui : pardonner mais ne pas oublier".

Puis, en 2003, il boycotte la présidentielle, comme tous les grands partis d'opposition, en raison du manque de transparence.

Alpha Condé, marié trois fois, est père d'un garçon.

 

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