24 Avril 2011
Elu meilleur ailier droit du monde en 1972 lors d’une compétition qui a regroupé des équipes issues de plusieurs continents, Ibrahim Sory Kéita a également obtenu le titre de meilleur joueur de la Coupe d’Afrique à Addis-Abeba en 1976. Comment cet ex-attaquant de l’équipe du Hafia club Conakry et du Sily national de Guinée est arrivé à un tel succès ? Retour sur le parcours de Petit Sory, celui qui a fait le bonheur de millions de supporters du Hafia Football Club. Pour l’anecdote, Ibrahim Sory Kéita porte le même nom que son grand frère. Alors pour les différencier, il est, en tout logique, appelé Petit Sory et son grand frère est appelé Grand Sory.
Rusé comme un renard, Petit Sory tenait un incroyable talent de drible et une vitesse de jeu remarquable. "Ma principale force était la rapidité dans mes actions de dribbles. J’étais plus content si je donnais des occasions de but à un partenaire que quand je marquais moi-même le but", a-t-il déclaré au journal le Quotidien des Sports. Au poste d’attaquant, l’ancien joueur du Hafia a réussi à faire trembler les gardiens de but et les défenseurs des équipes adverses. Il décida de jouer au poste d’attaquant car il voulait à tout prix occuper un rôle qui puisse mener son équipe à la victoire. Trois fois champion de la coupe d’Afrique (1972, 1975, 1977), Petit Sory et le Hafia ont dominé le foot africain des années 70.
"Ma principale force était la rapidité dans mes actions de dribbles"
La guerre des clubs est déclarée. En 1973, l’équipe ivoirienne de l’Asec reçoit le Hafia à l’occasion d’un match retour, où le Hafia s’est imposé 2-1 à l’aller. La star de l’Asec, Laurent Pokou, défi le Hafia lors d’une interview. "Ils ont gagné à l’aller, mais ici à Abidjan, je leur marquerai 3 buts en 15 minutes". A Petit Sory de répondre : "Un match de football dure 90 minutes, on verra à la fin". Le jour du match arriva, le combat des titans commença et c’est le stade Houphouët-Boigny d’Abidjan d’être dans tous ses états. L’Asec mène 3-0, Pokou a tenu parole ! Mais Sory n’a pas encore dit son dernier mot, le Hafia remonte à 3 également. Mais cela n’aura pas été suffisant pour se qualifier tant pour l’Assec, qui l’emporte 4-3, que pour le Hafia. Une séance de tir au but s’impose et ce sont finalement les Ivoiriens qui remportent le match par 3 tirs à 2.
L’heure de la revanche a sonné, nouveaux matchs, nouvelles victoires… et défaites ! C’est un match qui s’annonce des plus féroces à Bouaké. L’Assec s’impose 3 buts à 0. Mais Sory ne s’avoue pas vaincu. Au match retour, à Conakry, le Hafia se rebelle et met sur la touche l’équipe ivoirienne en marquant 5 buts à 0.
Petit Sory, c’est aussi le Syli National…
Petit Sory, c’est aussi le Syli National et l’échec à la CAN en Ethiopie, en 1976. Sans rappeler la sombre histoire de "détention" de l’équipe nationale au camp Alpha Yaya de Conakry. Il semblerait que suite au match nul (2-2) du Syli face au Libéria, en 1967, le président Sékou Touré l’ait eu très mauvaise, au point d’enfermer Petit Sory et son équipe dans ce camps militaire de Conakry, pour obliger les joueurs à préparer d’arrache-pied le match retour. Mission accomplie, le Syli remporta le match haut la main avec un score final de 9 à 0, dont 3 buts inscrits par Sory.
Aujourd’hui Ibrahim Sory Kéita est le Directeur financier du Stade du "28 septembre de Conakry", le plus grand stade de Sport du pays. En parallèle, il est aussi président d’une ONG : l’Association des Anciens Footballeurs du Hafia, qui vient en aide aux anciens joueurs susceptibles de rencontrer des problèmes aujourd’hui.