25 Juillet 2010
Le Premier ministre russe, Vladimir Poutine, a révélé avoir rencontré les dix espions russes expulsés des Etats-Unis début juillet dans le cadre d’un échange sans précédent depuis la guerre froide et chanté avec eux des chansons patriotiques de l’époque soviétique.
Interrogé par un groupe de journalistes russes en marge d’une visite en Ukraine, M. Poutine, lui-même ancien agent du KGB (services secrets soviétiques), s’est longuement exprimé sur le sujet.
Vladimir Poutine a raconté avoir chanté avec eux Par quoi commence la Patrie, une chanson patriotique des années 1960 interprétée pour la première fois dans Le Bouclier et l’Epée, un film sur le destin d’un espion soviétique travaillant en Allemagne durant la période nazie.
Les dix agents russes, parmi lesquels la jeune et jolie rousse Anna Chapman, héroïne de la scène médiatique, ont été remis le 9 juillet à Vienne par les Etats-Unis.
M. Poutine n’a indiqué ni le lieu ni la date de sa rencontre avec eux, mais affirmé connaître les noms de tous les «traîtres» qui avaient contribué à leur arrestation.
«Cela résulte d’une haute trahison. Et les traîtres finissent toujours mal. En règle générale, ils finissent dans la rue comme des alcooliques ou des drogués. Récemment, un (traître) a fini son existence quelque part à l’étranger et on ne sait pas pour quelle raison», a dit M. Poutine, sans autre détail.
L’ancien espion russe Sergueï Tretiakov, qui s’était rendu aux autorités américaines en 2000 et pourrait avoir renseigné les Etats-Unis sur les agents russes, est décédé le 13 juin d’une crise cardiaque à l’âge de 53 ans.
Bizarrement, sa mort a été annoncée seulement le 9 juillet, jour de l’échange d’espions entre les Etats-Unis et la Russie. Poutine a insisté sur la «vie très difficile de chacun» des dix agents russes.
«Imaginez-vous, d’abord il faut posséder une langue comme votre langue maternelle. Penser et parler dans cette langue, accomplir des missions pour les intérêts de la patrie pendant de nombreuses années, ne pas compter sur une couverture diplomatique, mettre en danger ses proches et soi-même», a souligné M. Poutine.
Selon des informations de presse non confirmées, les agents russes expulsés des Etats-Unis sont débriefés par le Service de renseignement extérieur russe (SVR) dans un lieu tenu secret dans la région de Moscou, dans le cadre d’une procédure qui pourrait durer plusieurs semaines.
M. Poutine a indiqué que ce n’était pas sa «mission» d’évaluer le travail de ces agents mais la tâche de «spécialistes, leurs chefs», et que le destinataire final de telles informations serait le président russe, Dmitri Medvedev.