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La Guinée nouvelle

Premier scrutin libre et démocratique en Guinée depuis 1958

 

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La Guinée, première colonie française d'Afrique de l'Ouest à accéder à l'indépendance en 1958, a voté dimanche pour le premier scrutin présidentiel libre et démocratique de son histoire.

Le premier exportateur mondial de bauxite a connu depuis 52 ans une histoire politique très mouvementée, avec notamment la longue dictature de Sékou Touré (1958-84, puis le régime militaire du général-président Lansana Conté (1984-2008).

Pour la première fois, les candidats - ils sont 24 au total - sont tous issus de la classe politique civile. Le capitaine Moussa Dadis Camara, qui ne cachait pas ses ambitions présidentielles, a été écarté de la course après avoir échappé de peu à une tentative d'assassinat de la part de son aide de camp. Il se trouve aujourd'hui en quasi-résidence surveillée à Ouagadougou, capitale du Burkina-Faso voisin.

Son successeur à la tête de la junte militaire à la tête du pays, le général Sékouba Konaté, assure l'intérim et affirme n'avoir aucun goût pour la chose politique.

Dimanche, les rues de Conakry respiraient le calme, avec très peu de voitures dans les rues. La plupart des habitants de la capitale étaient chez eux, rentrant des bureaux de vote où de longues files d'attente se sont formées, ou attendant le résultat.

L'ancien président nigérian Yakubu Gowon, qui dirige la mission d'observateurs du Centre Carter, a fait savoir que les opérations de vote se déroulaient sans incident majeur.

"Dans certains endroits, la consultation a débuté avec un peu du retard mais le processus est en train de monter en puissance. Les opérations de vote se passent dans l'ordre et le calme, et on sent beaucoup de ferveur", a-t-il dit en faisant état d'un taux de participation de 75 à 80%.

En brousse, les Guinéens ont été également nombreux à voter. "Tout va bien mais il y a beaucoup de gens ici et les opérations de vote ne semblent pas être très rapides", témoigne Mohamed Kouyaté à Nzérékoré.

La capitale de la Guinée Forestière, dans le sud-est de la Guinée limitrophe du Libéria et de la Côte d'Ivoire, est considérée comme un fief politico-ethnique de Dadis Camara. Certains analystes redoutaient des troubles dans cette ville, où l'on ne signale finalement aucun incident majeur.

 

VOLONTÉ DE TOURNER LA PAGE


Du déroulement et de l'issue de la consultation électorale dépendra l'avenir économique du pays, très pauvre malgré l'immense richesse de son sous-sol. Il pourrait aussi avoir des répercussions au-delà des frontières de la Guinée et servir d'exemple à une Afrique de l'Ouest marquée ces derniers temps par une série d'élections reportées ou controversées et de coups d'Etat.

Les Guinéens espèrent tourner la page d'une période très troublée depuis la mort de Lansana Conté fin 2008.

Le pays est encore sous le choc de la fusillade du 28 septembre 2009 dans un stade qui a coûté la vie à plus de 150 personnes manifestant contre la junte dirigée par le capitaine Dadis Camara. Selon un rapport de Human Rights Watch, cette fusillade avait été orchestrée par la junte.

Deux mois plus tard, Camara était grièvement blessé à la tête par son aide de camp. Le n°2 de la junte, le général Konaté, a alors entamé le processus de retour à un régime civil.

En février 2010, un gouvernement provisoire regroupant des responsables civils militaires et dirigé par Jean-Marie Doré, personnalité d'opposition, a été mis en place.

La plupart des observateurs étrangers s'accordent à dire qu'il y a une volonté d'organiser un scrutin pacifique mais que les partisans de candidats évincés risquent de causer des troubles à l'annonce des résultats.

Les dirigeants de grands partis tels que le Rassemblement du Peuple de Guinée (RPG) d'Alpha Condé ou l'Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG) de Cellou Dalein Diallo estiment que leur heure est venue, note le politologue guinéen Youssouf Sylla.

S'ils ne l'emportent pas dans les urnes, la déception de leurs partisans risque de dégénérer en violences, poursuit-il.

La campagne électorale a été elle relativement paisible, même si six personnes ont été tuées cette semaine dans des incidents entre groupes politiques rivaux à Coyah, une localité située à 50 km de Conakry.

Les observateurs estiment qu'il est peu probable qu'un candidat l'emporte au premier tour. Un second tour devrait dès lors opposer le 18 juillet les deux personnalités arrivées en tête.

Alpha Condé et Cellou Dalein Diallo font figures de favoris. Tous deux appartiennent à des ethnies bien représentées en Guinée - respectivement Malinké et Peul.

Les résultats ne sont pas attendus avant mercredi.

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