4 Avril 2012
L'opposant bissau-guinéen Kumba Yala, qui refuse de participer au second tour de la présidentielle devant l'opposer le 22 avril à Carlos Gomes Junior (pouvoir), a affirmé mercredi "ne pas reconnaître" le médiateur des dirigeants ouest-africains, le président guinéen Alpha Condé.
"Je ne reconnais pas le président Alpha Condé comme médiateur. Il s'est disqualifié lui-même en s'inclinant devant nos adversaires. Nous ne pouvons pas accepter qu'il vienne faire la médiation" pour dénouer la crise post-électorale en Guinée-Bissau, a affirmé M. Yala.
Le chef de l'Etat guinéen avait été choisi lundi à Dakar par ses pairs de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'ouest (Cédéao) pour une médiation dans la crise en Guinée-Bissau après le premier tour de la présidentielle le 18 mars.
"Je ne me présenterai pas à une élection entachée de fraudes massives, à un scrutin où des milliers de Bissau-Guinéens n'ont pas été recensés. Nous ne pouvons pas accepter que dans une démocratie, des citoyens soient exclus", a estimé M. Yala, réaffirmant son refus de participer au scrutin du 22 avril.
Kumba Yala, arrivé deuxième au premier tour de la présidentielle avec 23% des voix, est qualifié pour affronter Carlos Gomes Junior (du parti au pouvoir), arrivé en tête avec 49% des voix. Mais, avec quatre autre des neuf candidats en lice, il a demandé l'annulation du scrutin, jugé "frauduleux".
Le principal opposant bissau-guinéen, porte-parole de ce groupe des cinq, a retiré son représentant dans la Commission nationale des élections (CNE).
Ce refus de Kumba Yala de participer au scrutin prévu le 22 avril fait craindre des violences dans cette ex-colonie portugaise dont l'histoire est jalonnée de coups, tentatives de coups d'Etat militaires et autres violences politiques depuis son indépendance en 1974.
Ce pays est en outre devenu ces dernières années une plaque tournante du trafic de drogue entre l'Amérique du Sud et l'Europe.
Mercredi, une manifestation a réuni des centaines d'opposants devant l'ambassade d'Angola à Bissau, a constaté un journaliste de l'AFP.
Les manifestants, parmi lesquels se trouvaient les cinq candidats exigeant l'annulation de la présidentielle du 18 mars, ont scandé des slogans appelant au "retrait de la mission militaire angolaise" en Guinée-Bissau (Missang).
"Les Angolais n'ont jamais donné le nombre exact de leur effectif en Guinée-Bissau de même que le type de leur armement", a déclaré à l'AFP Fernando Mansonts, un responsable des jeunes d'un parti d'opposition.
L'armée bissau-guinéenne avait demandé la présence militaire angolaise, puis exigé son départ, après le survol de Bissau par deux hélicoptères angolais "sans autorisation préalable" le 18 mars.
Les Angolais avaient évoqué une aide au transport des urnes dans des lieux de vote.
Dans un communiqué publié mardi, le gouvernement bissau-guinéen a "manifesté sa ferme détermination à maintenir et renforcer le contingent" angolais, fort de 200 hommes et présent à Bissau depuis mars 2011 dans le cadre de la coopération militaire entre les deux pays.
Les Angolais ont depuis notamment formé plus de 400 policiers, réhabilité et équipé plusieurs casernes.