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La Guinée nouvelle

PRESIDENTIELLE EN GUINEE : le filtre impitoyable de la caution

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Au fur et à mesure que la date du 27 juin 2010 approche, les candidats à l’élection présidentielle se font également connaître. Toutefois, il risque d’y avoir un frein à ce niveau avec la dernière condition édictée par la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Il s’agit de la caution qui, même si elle a été revue à la baisse, passant de 51 millions F CFA à une trentaine, demeure hors de portée de n’importe quel quidam.

Tout prétendant au fauteuil présidentiel doit désormais déposer une caution d’environ 31 millions de F CFA. Pour être candidat, il faut sérieusement casquer dans un pays potentiellement riche mais réellement pauvre après 52 ans de mauvaise gouvernance. Au regard des avis divergents sur le montant de la caution, nul doute que l’on n’assistera pas à une explosion du nombre de présidentiables. Il n’est pas donné à tout Guinéen de disposer d’une telle somme bien que le pays, pauvre parmi les pauvres, ne manque pas de grosses fortunes tant sur le plan économique que celui politique.

Sans le dire haut et fort, la CENI veut limiter le nombre de candidatures à cette première élection qui s’annonce la plus ouverte depuis l’indépendance du pays. En effet, c’est la première fois qu’un président en exercice n’est pas candidat à sa propre succession. Ce qui met tous les concurrents sur un pied d’égalité. De façon plus affinée encore, cette limitation à peine voilée, vise surtout les candidatures jugées farfelues, complaisantes. En la matière, la Guinée s’est sans doute inspirée de l’exemple d’autres pays africains qui ont édicté des critères draconiens et sévères à remplir pour prétendre à la magistrature suprême.

C’est le cas par exemple du Burkina qui a revu à la hausse la caution qui est passée du simple au double (de 5 à 10 millions de F CFA) et exigé un certain nombre de parrainages. Au Burkina comme en Guinée, le but poursuivi est d’éviter que n’importe qui se regarde dans la glace pour s’estimer apte à une élection présidentielle parce qu’il rêve d’être chef de l’Etat. C’est là une exigence de qualité, de sérieux qui ne cadre pas cependant avec une disposition constitutionnelle qui veut que tout citoyen soit électeur et éligible à n’importe quel scrutin y compris l’élection présidentielle. On comprend donc que le montant de la caution fasse des gorges chaudes en Guinée. La CENI guinéenne n’a pas la tâche facile parce qu’elle est vue comme une structure qui favorise l’élitisme sur un continent où on a une toute autre conception de la politique.

Plutôt que d’être un domaine d’idées, la politique est perçue en Afrique comme une courte échelle. On y vient pour manger et boire à satiété. Alors qu’ailleurs, on ne s’engage pas en politique dans l’optique de s’enrichir mais pour servir un idéal.

Pour les indigents qui veulent se remplir les poches, la barre de la caution leur donne tout simplement le vertige. Elle est un filtre au travers duquel ils auront du mal à passer. Normal qu’ils ruminent leur rage de voir les portes de l’ascension sociale se refermer à leur nez. Mais comme disent les latins, dura lex, sed lex (1). Il ne reste plus aux prétendants qui désirent vraiment conquérir le fauteuil présidentiel, qu’à se soumettre. N’est pas candidat à l’élection du 27 juin qui veut mais qui peut !

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