23 Juillet 2011
C'est une purge au sein de l'armée à laquelle on assiste en Guinée après l'attentat du 19 juillet. Au moins une quarantaine de militaires auraient été arrêtés mais ce chiffre est difficile à confirmer en l'absence de communication officielle claire.
Le grand ordonnateur de cette purge est le directeur de cabinet de la Défense nationale, le général Aboubacar Sidiki Camara, surnommé Idi Amin par tout Conakry. Idi Amin a procédé à l'arrestation de hauts responsables et de soldats proches de l'ancien président de la transition Sekouba Konaté. C'est le cas de l'ancien chef d'état-major Nouhou Thiam, du général Bachir Diallo, son ancien directeur de cabinet, ou encore du commandant « de Gaulle » et ou du colonel Algassimou Diaby. Est-ce à dire que les soupçons se dirigent vers Sekouba Konaté ? Il est encore trop tôt pour l'affirmer. D'autant que certains jugent qu'Idi Amin règle peut-être des comptes avec l'ancienne équipe.
En effet, sous la junte, Idi Amin s'est à la fois fâché avec le capitaine Dadis Camara, le président autoproclamé, et son successeur le général Sekouba Konaté qui l'a écarté après l'avoir réhabilité. Purge ou règlement de comptes ? Une chose est certaine, l'armée guinéenne est un conglomérat de clans et d'intérêts divergents. Une arène où tous les coups sont permis.
Par ailleurs, il est difficile aux famille d'accéder aux prisonniers. Selon l'épouse de l'un des militaires arretés, il est devenu impossible de livrer de la nourriture aux détenus, des ordres ayant été donnés pour empêcher toute communication. Les militaires arretés sont prisonniers à la gendarmerie de Matam.
Après l'attaque contre le président Condé, une partie de l'opposition guinéenne redoute une chasse aux sorcières. Après le pillage par des soldats du domicile d'un leader de l'UFDG, plusieurs dirigeants politiques redoutent les violences et les actes d'intimidation. Et ce à quelques mois des élections législatives. Mouctar Diallo, le président des Nouvelles forces démocratiques et quatre autres leaders politiques dénoncent les actes d'intimidation et demandent au président de la République de tout mettre en oeuvre pour restaurer l'unité nationale et faire respecter les droits de l'homme.
Hier vendredi, une réunion de concertation sur les droits de l'homme s'est tenue à Conakry à l'initiative du Haut Commissariat aux droits de l'homme des Nations unies. Elle a réuni une dizaine d'ONG. Les activistes des droits de l'homme guinéens ne cachent pas leur inquiétude après l'attaque armée du domicile du chef de l'état comme en témoigne Souleymane Bah, président de l'OGDH (coalition des organisations de défense des droits de l'homme)