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La Guinée nouvelle

Quand un enfant trébuche et tombe…

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Maintenant que la date du second tour est fixée et avant de vous livrer mon analyse, j’aimerai donner quelques réponses aux questions posées après mon dernier article. Certains me demandent si je veux la continuité du système Conté c’est à dire la gabegie financière ou si veux une économie libérale sauvage ou encore si je connais mon pays en affirmant qu’au delà de l’ethnocentrisme, les populations analphabètes peuvent adhérer à un programme politique.

1. J’ai eu l’opportunité de représenter la Guinée à la foire internationale du tourisme de Toulouse en France, accord signé par le président Conté; bref à la fin de la représentation, la Guinée n’avait toujours pas payée sa participation ( elle n’a l’a jamais payée d’ailleurs), alors pendant deux mois je courrais au palais des nations pour que le secrétaire général à la présidence débloque le financement. C’est en ce moment que j’ai connu un peu plus le système Conté; il y a des ministres qui se mettaient à genoux pour parler au président; la mère, le fils, les femmes ou des proches du président pouvaient faire ou défaire un ministre; savez vous qu’une proche du président, responsable de département a osé gifler son ministre de tutel?


Ma première réponse: Je cite ces faits pour que l’on relativise le pouvoir des ministres dans le système Conté; ils ne pouvaient pas prendre de grandes décisions sans le feu vert d’en haut. En tout cas, quelque soit le vainqueur à la présidentielle, il y aura un changement en Guinée et le pays ne sera plus jamais gouverné comme avant; les époques ont changé et les guinéens ne se laisseront plus faire. C’est ce que je crois.

2. En 1997, une responsable du crédit rural de N’Zérékoré, m’expliquait que les vendeuses d’huile de palme par exemple payaient régulièrement leurs créances par rapports aux intellectuels qui contractaient des prêts. C’est à deux différentes occasions que la confirmations me sera donnée; d’abord à l’école que je dirigeais un entrepreneur est venu solliciter notre aide pour le bilan de sa petite Enterprise, après un rapide tour de la situation, j’ai constaté que ce chef d’entreprise avait utilisé plus de la moitié de son prêt pour meublé son salon privé (il faut bien avoir le standing de son titre), en bref il confondait la caisse de son entreprise avec sa cagnotte personnelle; alors qu’un autre jour, en visite dans le magasin d’une tante vendeuse d’huile de palme, j’ai assisté à la conversation de ces dames analphabètes qui expliquaient leurs difficultés dans les affaires et surtout les prouesses pour payer leurs créances à temps au crédit rural.


Ma seconde réponse: Au chef d’entreprise, j’ai expliqué en détail les charges de l’école; qu’ une école n’était pas rentable avant au moins trois ans donc je donnais des cours externes pour me payer un salaire et j'étais le directeur qui roulait à vélo (espèce rare). Vous voyez, ces femmes analphabètes comprenaient mieux le principe d’une entreprise que cet alphabète. L’analphabétisme est un fléau qu’il faut combattre en amplifiant la formation pour que nos populations accèdent directement aux sources d’information. Le 27 juin 2010 par exemple, les analphabètes guinéens ont fait preuve de maturité politique en votant massivement dans le calme et à ma connaissance, ce ne sont pas eux qui ont manipulé les résultats; les votes communautaires s’expliquent en partie par l’ethnocentrisme et en d’autre par la conviction que c’est un des leurs qui améliorera leur situation économique.


Je le redis encore que si les partis politiques expliquent clairement leurs programmes de société et que l’on traduise ces explications dans les différentes langues nationales, nos analphabètes comprendront au fur et à mesure et adhéreront aux programmes susceptibles d’améliorer leurs conditions économiques; c’est un long processus qu’il faudra bien commencer un jour. Je n’ai pas la prétention de très bien connaitre la Guinée dans tous les détails mais avec dix ans d’expérience professionnelle dans différents domaines d’activités, je peux répondre que je connais un peu plus les réalités de notre pays au point de faire des suggestions.

3. Un jour à N’Zérékoré, je suis allé passer une annonce à la radio rurale et un des animateurs se plaignait du comportement des vendeurs de café, il était déçu de constater que malgré les communiqués, nos parents analphabètes continuaient toujours à vendre le kilo de café à un prix inférieur à celui fixé par le gouvernement. Pour un entrepreneur, j’ai trouvé cela curieux. Par concours de circonstances, voici comment j’ai trouvé une des explications; en visite dans un village, pendant les causeries du soir, un jeune producteur de café nous a expliqué son aventure; il avait deux sacs de café à vendre au marché de N’Zérékoré ( les mercredis), il a payé deux porteurs pour transporter ses sacs sur la route nationale à peu près 2km, ensuite, il a payé son transport et le prix des bagages pour se rendre au marché, une vingtaine de km; c’est donc à mon retour à N’Zérékoré que je vais comprendre la suite par un acheteur de café venu de Conakry la capitale, il faisait de bonnes affaires en achetant ses produits en fin de marché.


Ma troisième réponse: Cet acheteur attend vers la fin du marché pour fixer le prix qu’il est disposé à payer pour le kilo de café et ce jeune vendeur qui n’a même plus assez d’argent pour retourner au village avec ses sacs, n’a d’autres solutions que de brader sa production. Ce sont les acheteurs de café qui font de très grandes marges bénéficiaires en les revendant au prix fort à Conakry. C’est d’ailleurs à cette époque que le président Conté avait fait un des ses discours fustigeant les gens qui quittent les villages pour ne rien faire à Conakry alors qu’il y a des champs à cultiver; le gouvernement à beau fixer les prix, l’animateur de la radio rurale à beau les relayer, rien ne changera tant que la situation sera telle; à force de vendre à perte, ces jeunes abandonnent les champs pour aller chercher du boulot dans les villes. Alors que si l’on finance ce jeune producteur à produire plus, si l’on finance une petite entreprise pour le transport de ses produits et enfin une entreprise de stockage et de commercialisation, la situation serait différente et il n’y aurait pas d’exode rural. Ma conviction d’un Etat fortement décentralisé et de la multiplication des petites et moyennes entreprises dans notre pays, date de cette période bien avant que je découvre les USA. C’est cette économie de libre entreprise que je souhaite pour notre pays et non une économie libérale sauvage ou civilisée (lol).

• Mon anlyse:


Si au départ les critères pour l’élection présidentielle étaient basées sur la non participation au gouvernement de Conté, à la limite d'âge etc.., nous n’aurions pas eu les deux candidats en présence; alors je penses que ce débat est maintenant dépassé; mon souhait serait que les deux candidats nous parlent de leurs programmes politiques secteur par secteur et la manière de les financer; ce qui implique un face à face. En attendant cette éventualité, voila ce que je crois:
Mr Cellou Dalein Diallo que je n’ai jamais rencontré dans ma vie, a été longtemps ministre puis premier ministre, il a été limogé donc est tombé de son piédestal, il a subi des pressions des nouveaux militaires à la mort de leur chef; comme les autres leaders politiques, il a été blessé et a vu d’autres compatriotes tomber sous des balles au stade du 28 septembre; en tant que candidat, il a parcouru la Guinée profonde et constaté la misère du peuple; je crois qu’au fond de lui il reconnait avoir participé au système qui a mis le pays à terre; toutes ces expériences peuvent forger et changer un homme; j’ai le sentiment que s’il accède au pouvoir, il se rachètera.


J’ai aussi le sentiment que l’équipe formée par les sieurs Cellou Dalein Diallo, Sidya Touré et Abé Sylla n’aura d’autre choix que de redresser l’économie guinéenne.


Au dire du premier ministre sieur Jean Marie Doré, le pays est à plat ventre et cela me donne l’image d’un enfant; à moins d’être un monstre sinon, quand un enfant trébuche et tombe, on ne lui marche pas dessus, on le relève.
Je crois profondément que ces technocrates relèveront l’enfant GUINEE.
C’est mon analyse qui n’engage que moi.

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