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La Guinée nouvelle

RAS DJEDIDJA JOURNALISTE A L’HEBDO GUINEEN « L’INDEPENDANT »: « Pour aller à ces élections, les Guinéens ont fermé les yeux sur beaucoup de choses »

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Agé de 42 ans et au Sénégal depuis 2 mois, Ras Djedidja est le nom d’emprunt sous lequel écrit notre invité dans les colonnes de l’hebdomadaire guinéen « L’indépendant ». Un choix dicté par des raisons sécuritaires ? « Vous savez, la Guinée c’est compliqué dans tous les sens du terme » concèdera-t-il. Ce qui ne l’empêche pas de cautionner la présidentielle du 27 juin, de militer en faveur d’un gouvernement d’union nationale quel que soit le vainqueur et de plaider pour une utilisation judicieuse des ressources naturelles de la Guinée.

Du bien fondé des élections

« Comme en 1993, les leaders politiques se livrent à une véritable démonstration de force chacun voulant montrer à l’opinion nationale et internationale qu’il est majoritaire. Mais le discours en lui-même n’a pas changé ; il se résume à un catalogue de promesses. Tout se déroule pour le moment dans le calme et il est heureux qu’il en soit ainsi. Ces élections revêtent une grande importance car elles renvoient à la seule élection libre qu’ait connue la Guinée, celle de 1958. Elles ont aussi la même signification que l’élection de Nelson Mandela. Cette présidentielle permettra surtout à la Guinée de retourner à l’ordre constitutionnel. C’est pourquoi tous les Guinéens et les partenaires étrangers doivent soutenir et mener à terme le processus électoral. D’autant que les militaires qui constituaient le blocage principal semblent maintenant revenir à la raison. Ils sont obligés de coopérer car c’est la seule manière pour eux de se faire pardonner par le peuple. Tout comme celui-ci a aussi besoin de se réconcilier avec son armée. Les intérêts sont concordants et tous doivent tirer dans le même sens pour un meilleur devenir de la nation. Par ailleurs, l’intérêt d’une transition courte consiste à éviter la poursuite de dérives aux conséquences incalculables. Je ne comprends pas non plus l’inquiétude des gens sur le nombre élevé de candidats. Vous ne pouvez pas agréer un parti politique puis lui dénier le droit de présenter un candidat. Chacun est libre de se présenter. Laissons au suffrage universel le droit de les départager. La Guinée, à mon avis, est entrain de donner une belle leçon de démocratie au monde. Même la question ethnique est agitée démesurément. Il n’y a pas d’ethnocentrisme en Guinée ; on en parle que pendant la campagne et les élections. Ce qui est plutôt constant voire empirique, c’est le brassage, la cohabitation intelligente et multiséculaire des ethnies. Les Guinéens sont conscients de ça et savent que le combat contre la pauvreté doit être la chose la mieux partagée. D’ailleurs, tous les leaders se sont côtoyés dans le cadre des forces vives pour bouter dehors le régime de feu Lansana Konté. Après les élections, les compétences de chaque parti seront fusionnées pour développer le pays ».

Gouvernement d’union nationale

« La mise en place d’un gouvernement d’union nationale est une priorité. C’est la seule solution, tout président est obligé de se plier à cette réalité indiscutable. Il faut regrouper et fédérer les énergies pour les mettre au service du développement du pays. Aucun parti ni un candidat indépendant ne peut à lui seul sortir le pays de l’ornière. Pour moi, l’homme providentiel n’existe pas. Pouvoir et opposition doivent travailler ensemble, ne serait-ce que dans un premier temps, pour ne pas piéger le pays à travers un conflit d’intérêt qui ne peut que nuire aux investissements étrangers. À mon sens, c’est la presse qui doit servir de contre-pouvoir. Mais, celle-ci manque terriblement de moyens. Il faut donc la soutenir pour lui permettre de jouer efficacement son rôle d’avant-garde. À travers ces élections, c’est la chance qui est donnée au peuple guinéen de changer de président tous les 5 ans. Il faut avouer que c’est le peuple guinéen lui-même qui a tendance à fabriquer des dictateurs. C’est un peuple profondément croyant et donc enclin à pardonner toutes les dérives. Ici, les gens se disent : « Dieu qui nous a créés pardonne, pourquoi pas se pardonner entre nous ».

Exploiter au mieux les richesses du pays

« Sékou Touré a, quoi qu’on puisse dire, préservé les ressources naturelles des prédateurs nationaux et internationaux. De ce point de vue, il a rendu un immense service à la Guinée. Mais quand feu Lansana Konté et ses équipes sont venus aux affaires, ils ont commis l’erreur de jeter à la poubelle tous les acquis de l’ancien régime au nom d’un changement aux contours mal définis. Il ne faut pas prélever les ressources brutes pour les envoyer à l’extérieur. Il ne sert à rien de se presser si c’est pour sacrifier l’intérêt du pays. Il urge plutôt de former la jeunesse pour qu’elle soit dans les conditions, demain, d’utiliser cette richesse à bon escient. L’important, c’est de faire en sorte de pouvoir tout exploiter sur place. Aucune urgence ne doit et ne peut justifier le gaspillage des ressources communes à toute la Guinée. Dans ce cas, toute la sous-région doit se mobiliser pour aider le pays à utiliser rationnellement ses atouts car la stabilité de la Guinée est profitable à la CEDEAO à tous points de vue. Les richesses doivent êtres sauvegardés pour les générations futures. Le président élu doit s’occuper d’abord de la question agricole pour assurer à la Guinée l’autosuffisance alimentaire. Redonner toute sa force à la justice et promouvoir la séparation des pouvoirs doivent également figurer en bonne place dans le lancement du pays sur les rails du développement.

PROPOS DE CAMPAGNE

Boubacar Barry, Candidat du Parti national pour le renouveau (PNR) lors de sa visite à Coyah : « changez de mentalité, de comportement et pardonnez-vous. Je nommerais une femme au poste de Premier ministre dès mon accession à la magistrature suprême le 27 juin 2010 ».

Cellou Dalein Diallo, Candidat de l’union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) se prononçant sur la jeunesse guinéenne à Pita : « ce n’est pas admissible que nos jeunes passent leur temps à chercher des visas. La jeunesse désoeuvrée est laissée pour compte. Elle doit être soutenue ».

Sidya Touré, Candidat de l’Union des forces républicaines (UFR) lance des flèches à Alpha Condé du Rassemblement du peuple de Guinée (RPG) à Kissidougou : « la jeunesse guinéenne ne doit pas ressembler aux candidats qui sont des chômeurs permanents ».

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