13 Juillet 2010
Fausse note à l’élection présidentielle guinéenne dont on pensait que tout
était réglé comme sur du papier à musique : le second tour, initialement prévu pour le 18 juillet prochain, n’aura plus finalement lieu à cette date. La consultation a été reportée sine die en
attendant de vider le contentieux électoral dont, visiblement, l’ampleur avait été sous-estimée.
C’est à l’issue de cette phase aussi importante du processus que la nouvelle date sera connue. En attendant, les candidats retenus pour le second tour, Cellou Dallein Diallo de l’Union des forces
démocratiques de Guinée (UFDG) et Alpha Condé du Rassemblement du peuple de Guinée (RPG) doivent ronger leurs freins. Ils ne peuvent pas jusque-là battre campagne. Tout au plus peuvent-ils passer
des alliances en attendant la fixation de la nouvelle date du second tour et l’ouverture de la campagne électorale de deux semaines. On fait relâche. C’est aussi l’occasion pour certains acteurs
de revoir leurs dispositifs et stratégies pour un nouveau départ. Les candidats admissibles pensent à d’autres méthodes, mots et formules qui feront sans doute mouche auprès des électeurs. Mais
ils ne sont pas les seuls à profiter du report du second tour. Il y a aussi et surtout la Commission électorale nationale indépendante (CENI). A la suite des fraudes dénoncées lors du premier
tour, cette structure est appelée à se remettre en cause pour voir ce qui n’a pas bien marché. Une façon de se prémunir contre de nouvelles critiques et autres contestations.
Du même coup, cette structure facilite le travail de la Cour suprême chargée de proclamer les résultats définitifs. Le report du second tour devrait permettre donc à la CENI de faire d’une pierre
deux coups. Elle revoit ses méthodes qui sont loin d’avoir été infaillibles au regard de l’intensité du contentieux électoral et elle allège le travail des institutions judiciaires. L’on se
rappelle que sur 24 candidats, 21 ont remis en cause sa neutralité, son impartialité en l’accusant d’avoir orchestré des fraudes sans que l’on ne sache vraiment au profit de quel(s) candidat(s).
Plus grave, le candidat Sidya Touré de l’Union des forces républicaines (UFR) arrivé en troisième position, a accusé le président de la structure et le chef de l’Etat par intérim, Sékouba Konaté,
d’avoir tripatouillé ensemble les résultats du premier tour.
D’ailleurs, en cette période du contentieux électoral, on se demande quelle serait la réaction de Sidya Touré si jamais la Cour suprême rejetait ses recours. En démocrate et en républicain comme
il se présente, se rangerait-il derrière le verdict ? Ou bien ferait-il descendre encore ses militants dans la rue pour revendiquer sa victoire ? En attendant, on espère que la raison l’emportera
sur la passion qui caractérise les périodes électorales de façon générale en Afrique et de façon particulière dans les pays où la soif d’élection est grande.
Pour en revenir à la CENI, elle doit mettre à profit le temps du report pour rechercher les voies et moyens d’organiser le plus efficacement possible le second tour. La responsabilité de la
structure est lourde en ce moment important et historique de la vie du pays. Une élection réussie, propre, et ceux qui pilotent la commission entrent dans l’histoire par la grande porte. Puisse
chaque acteur savoir jouer sa partition, faire preuve de responsabilité pour épargner à la Guinée des lendemains d’élections troubles !