25 Février 2010
Décrit comme "timide", "discret", le nouvel homme fort de la nation sahélienne ne s’est toujours pas adressé à ses 15 millions d’habitants, près d’une semaine après s’être emparé du pouvoir en renversant le président Mamadou Tandja.
Mais déjà son nom est scandé à chaque manifestation de soutien au "Conseil suprême pour la restauration de la démocratie" (Csrd), la junte militaire qu’il dirige.
Selon la revue locale « Libération », "c’est lui qui a lancé l’assaut contre la présidence et arrêté le président Tandja". "Salou" est désormais surnommé par certains "Tombeur de la dictature", "Sauveur de la démocratie" ou encore "Redresseur de torts".
Né en 1965 à Namaro, une bourgade près de Niamey, Salou Djibo est issu de l’ethnie Djerma, l’une des principales communautés.
Titulaire d’un baccalauréat littéraire, il s’engage dans l’armée en 1987 et ira suivre huit ans après une formation d’officier à Bouaké, en Côte d’Ivoire.
Ce père de cinq enfants, décoré de la "Croix de vaillance" et fait Chevalier de l’Ordre du mérite du Niger, a servi dans des garnisons à Agadez (nord) et Niamey, où il commande depuis cinq ans l’Unité des blindés.
En 1998 et 2001, il s’est spécialisé dans l’armement lourd en Chine puis au Maroc, où il a suivi des cours d’état-major. De 2004 à 2006, il participe à des missions onusiennes de maintien de paix, en Côte d’Ivoire et en République démocratique du Congo (Rdc). Le quotidien d’état « Le Sahel » le décrit comme "très discret" et note qu’il est "très respecté au sein de l’armée".
Pour réussir son coup, le commandant Djibo s’était entouré d’une quinzaine d’officiers très connus, dont certains très proches du président déchu. Lors d’un récent point de presse, Salou Djilo, béret vert vissé sur la tête, a assuré dans un murmure hésitant : "Je ne décide pas tout seul, nous décidons en groupe". "Il est timide, il faut lui arracher les mots", lance un journaliste. "C’est quelqu’un de calme, mais rassurez-vous il est très connu dans nos rangs et a fait ses preuves", rétorque le colonel Djibrilla Hamidou Hima, l’un des hommes forts de la junte. Tout juste sorti de l’ombre, le président de facto du Niger suscite l’enthousiasme chez les Nigériens qui estiment que le putsch a mis fin à la dérive autocratique de M. Tandja.
Mais face à la communauté internationale et à la Société civile très puissante du Niger, qui attendent un retour rapide à la démocratie via des élections libres, il va devoir convaincre. "L’essentiel est qu’il respecte la transition au bout de laquelle il y aura des élections libres afin que les civils accèdent au pouvoir. Le fait qu’il se proclame chef de l’Etat est secondaire", a ainsi estimé Issoufou Sidibé, à la tête de la Confédération démocratique des travailleurs du Niger (Cdtn), principale centrale syndicale du pays.
A ceux qui craignent qu’il ne s’accroche au pouvoir, le colonel Hima assure : "Faites-moi confiance, ce n’est pas un +Dadis+, il n’est pas intéressé par le pouvoir.