31 Juillet 2010
Après l'assassinat revendiqué par Al Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi) de Michel Germaneau, Paris a demandé à tous les expatriés présents dans le Sahel, à titre individuel, au sein d'entreprises ou d'associations, de renforcer les mesures prises pour leur sécurité. A Nouakchott, Niamey ou à Bamako la capitale du Mali pourtant située à des centaines de kilomètres des repaires d'Aqmi.
Doit-on, pour autant, parler de psychose? Pas si sûr, car dans certains pays du Sahel, la menace est diffuse. C'est le cas en Mauritanie, où quatre ressortissants français avaient été tués dans le sud du pays, en décembre 2007, entraînant l'annulation du rallye Paris-Dakar.
C'est aussi le cas au Niger, où deux diplomates canadiens, en mission pour l'Onu, avaient mystérieusement disparu, en décembre 2008, à une quarantaine de kilomètres de la capitale, Niamey. Robert Fowler et son adjoint ont été libérés cinq mois plus tard, au terme de négociations très ardues avec Aqmi. Or le groupe terroriste n'a revendiqué leur enlèvement que plusieurs jours après leur disparition, vraisemblablement parce qu'ils ont d'abord été capturés par de simples bandits, qui les ont ensuite "revendus" à Al-Qaeda.
Pour des raisons de sécurité, les ONG d'urgence médicale ne sont plus présentes dans le nord de la bande sahélienne. En revanche, une multinationale, elle, est bien là: il s'agit d'Areva, qui exploite l'uranium dans le nord-Niger depuis plus de quarante ans, et qui n'est pas près d'y renoncer vue l'importance stratégique de ce minerai.
Ces dernières années, la compagnie dirigée par Anne Lauvergeon craignait plutôt des attaques de la part des rebelles touaregs qui avaient pris les armes en 2005 contre le pouvoir de Mamadou Tandja. Le conflit a pris fin - provisoirement - l'an dernier, et Tandja a été déposé par une junte en février dernier.
Hier, le groupe a annoncé avoir renforcé sa surveillance et vouloir "limiter les déplacements en dehors des zones sécurisées". Les convois transportant des fûts d'uranium qui quittent les mines d'Arlit sont escortés. ils doivent parcourir des milliers de kilomètres jusqu'au port de Cotonou, au Bénin, où les fûts sont chargés à bord de cargo à destination de l'Europe.
Ce mardi matin, au micro d'Europe 1, le Premier ministre François Fillon a déclaré que la France était "en guerre" avec Aqmi. De quoi inciter tous les expatriés installés ou de passage dans la bande du Sahel à redoubler de vigilance.