6 Mars 2010
Des propos "inacceptables" pour le parti du président sortant, qui accuse l'opposition de "préparer les esprits à la violence". "Nous demandons à ce candidat de se ressaisir pour préserver la sérénité qui a prévalu jusqu'à ce jour", a martelé le secrétaire général du Rassemblement du peuple togolais (RPT), Solitoki Esso, lors d'une conférence de presse.
Après une campagne électorale paisible et un scrutin qui s'est déroulé dans le calme jeudi, la tension semble ainsi être montée d'un cran dans la capitale togolaise. La Commission nationale
électorale indépendante (CENI) n'ayant donné aucune date pour l'annonce des résultats, ni d'estimation sur le taux de participation, le scrutin fait l'objet de conversations enflammées et de
spéculations.
TENSIONS CROISSANTES DANS LA CAPITALE
"Les jeux sont très serrés", titrait vendredi le quotidien privé Forum de la semaine, publiant une photo des deux principaux candidats en une. "Les gens sont tendus dans l'attente des résultats parce que s'il n'y a pas le changement, il y aura encore des dégâts", affirmait vendredi matin un chauffeur de taxi, Félix Amélo, partisan de Jean-Pierre Fabre.
Il y a cinq ans, une vague de violences avait éclaté à Lomé après l'annonce de la victoire contestée à la présidentielle de Faure Gnassingbé, quelques mois après la mort de son père, le général
Gnassingbé Eyadéma, qui a régné sans partage sur le Togo pendant trente-huit ans (1967-2005). Les violences
avaient fait 400 à 500 morts selon le bilan de l'ONU. D'après Amnesty International, des militaires
avaient attaqué les domiciles de présumés opposants avant et après le scrutin, les frappant à coups de gourdin ou les tuant par balles.
Le scrutin de jeudi apparaissait donc comme un test pour le pays, où la situation politique s'était décrispée, et avec qui les bailleurs de fonds ont progressivement renoué depuis 2007. Sur son
site Internet de campagne, Faure Gnassingbé a promis, s'il était réélu pour un nouveau quinquennat, de "sortir définitivement le Togo de l'impasse politique et économique où il se
trouvait". Le fils du général Eyadéma dit vouloir "consolider la démocratie et l'Etat de droit".
Dans ce petit pays de 6,5 millions d'habitants, ex-colonie allemande puis française, la majeure partie de la population vit encore sous le seuil de pauvreté.