Le 28 septembre 2009, quelques heures à peine après le massacre au grand stade de Conakry, Toumba, désigné par de nombreux témoins comme étant le maître d’œuvre de la répression, était l’homme le
plus haï (et craint) de Guinée.
Quelques semaines et un attentat plus tard, le même Toumba était devenu un héros aux yeux de nombreux Guinéens. Depuis qu’il a ouvert le feu sur le capitaine Moussa Dadis Camara (putschiste
acclamé, puis honni), l’admiration qu’il suscite est telle que les messages de sympathie à son endroit pleuvent sur Internet. « Allah le tout puissant, je te prie de bien vouloir protéger Toumba
Diakité pendant très longtemps! » ; «Toumba est mon héros, et la majorité des Guinéens le pardonnent pour tout crime qu’il est accusé d'avoir commis », peut-on lire sur le site de Jeune Afrique.
On encense « Toumba le liberateur » (sic !)
Eh bien non, Toumba n’est pas un héros ! Comment un homme soupçonné d’être responsable des atrocités du 28 septembre pourrait-il être un héros ? Comment celui qui a tiré sur un chef d’État -
fût-ce un putschiste dont on dit que la place était à l’asile ou au cirque plutôt que dans un fauteuil présidentiel -, pourrait-il être mis sur un piédestal ? Cela signifie-t-il que la nature de
la victime d’un crime déterminerait la gravité de l’acte commis ? Si tel est le cas, cela suppose que toute personne qui, pour une raison ou pour une autre, ne trouve pas grâce à nos yeux,
pourrait devenir la cible d’un pseudo-justicier ? Un crime reste un crime. Il n’y en a pas de « bon » qui s’opposerait à un « mauvais ». Et Toumba, comme Dadis, doivent répondre de leurs actes
devant la justice.
En plus, lors de mon dernier passage à Conakry, au début du mois de février, je n’ai croisé aucun fan de Toumba. Rares sont ceux, d’ailleurs, qui osent prononcer son nom ! C’est étrange comme les
opinions, même les plus détestables, fleurissent sur la Toile. Et les pro-Toumba ne sont pas les seuls à profiter de cette liberté malsaine qu’elle offre (trop) souvent…