1 Novembre 2010
L'affaire, confiée à la brigade anti-terroriste, a démarré avec l'explosion d'un premier colis piégé destiné à l'ambassade du Mexique, qu'un inconnu venait de déposer dans une société de messagerie express située dans le centre d'Athènes.
Le jugeant suspect, l'employée l'avait jeté par terre, déclenchant la déflagration, de faible puissance, qui l'a légèrement blessé à la main.
Très vite, des artificiers ont neutralisé un deuxième paquet piégé, adressé à l'ambassade des Pays-Bas, qui avait été déposé dans une agence proche, avant qu'un ratissage de la zone ne conduise à l'arrestation de quatre suspects, deux hommes et deux femmes.
La police a annoncé dans un communiqué avoir trouvé en la possession des hommes, âgés de 22 et 24 ans, deux autres paquets piégés, "avec comme destinataires l'ambassade de Belgique en Grèce et le président de la République française, qui ont été neutralisés par des explosions contrôlées".
Les suspects étaient également en possession "de deux pistolets Glock avec cinq chargeurs", et l'un "portait une perruque et un gilet pare-balles",a précisé le communiqué.
Le plus jeune était recherché par la police pour appartenance présumée au groupe extrémiste d'obédience anarchiste "Conspiration des cellules de feu", tandis que l'autre "est actif dans la mouvance anti-autoritaire", a indiqué à l'AFP, le porte-parole de la police, Thanassis Kokalakis.
"L'affaire apparaît en fait assez absurde, dans le cas de M. Sarkozy il est évident que ce paquet n'aurait jamais pu atteindre son destinataire", a commenté cet officier. "Si l'on suit la piste de la Conspiration, il faut se souvenir que l'on parle de jeunes gens", a-t-il relevé.
En septembre 2009, neuf membres présumés de la Conspiration, mouvement apparu en 2008, avaient été arrêtés après la découverte par la police d'une cache dans une banlieue d'Athènes.
Signataire de multiples attentats qui n'ont pas fait de victimes, dont un très symbolique ayant visé en janvier le Parlement, le groupe a notamment revendiqué un attentat à l'engin incendiaire qui avait endommagé en décembre 2008 le bureau de l'AFP à Athènes. Selon les experts, le groupe voulait ainsi protester contre l'inculpation en France des membres du groupe, dit de Tarnac, soupçonné d'avoir saboté des lignes de trains à grande vitesse en novembre 2008.
M. Kokalakis a indiqué que les enquêteurs "examinaient un éventuel lien"entre l'affaire de lundi et un attentat au colis piégé adressé au ministre à l'époque chargé de la police, Mihalis Chryssohoidis, qui avait causé la mort en juin du chef de sa sécurité.
Le paquet avait été adressé à la permanence politique de M. Chryssohoidis, et apporté au ministère, sans être contrôlé.
Cet attentat, le premier commis depuis des décennies avec un colis piégé, a été revendiqué par un groupe inconnu de la mouvance d'extrême gauche, mais "l'enquête se poursuit" pour identifier ses auteurs, a relevé M. Kokalakis.
L'affaire des colis piégés intervient alors que la justice vient d'engager des poursuites contre trois nouveaux membres présumés d'une autre organisation extrémiste locale, Lutte Révolutionnaire (EA), dont six militants ont été arrêtés en avril.
Figurant sur la liste des organisations terroristes de l'Union européenne et des Etats-Unis, EA a revendiqué depuis 2003 quinze attentats, dont l'un a blessé grièvement un policier.