29 Juin 2010
Le scrutin présidentiel a laissé une impression favorable aux Guinéens comme aux observateurs. Mais la vigilance est de mise d'ici l'annonce des résultats partiels, certains évoquant déjà des irrégularités.
Deux jours après l’élection présidentielle en Guinée, qui a vécu le premier scrutin libre de son histoire, la satisfaction prédomine, tant du côté des politiques que des observateurs internationaux.
Même si des critiques et des contestations sont à prévoir, et commencent déjà à se faire entendre, mardi 29 juin, tous ont salué « l'engagement des électeurs qui se sont rendus nombreux aux urnes pour déterminer dans la paix et la sérénité le futur » du pays.
Nouvelle indépendance
« Cette élection est un soulagement pour l'ensemble du peuple de Guinée qui voit enfin les principes démocratiques appliqués », a estimé lundi l'historien guinéen Boubacar Barry sur les ondes de la radio privée Guinée FM. « C'est une renaissance, un pas important dans la libération de la Guinée », a renchéri le journaliste guinéen Souleymane Diallo.
En laissant aux 4,2 millions de citoyens guinéens la possibilité de choisir entre 24 candidats, tous choisis parmi des civils, le régime de transition dirigé par le général Sékouba Konaté a réalisé un nouveau pas vers la démocratie. « Après le 28 septembre 1958 [date du referendum rejetant la communauté franco-africaine proposée par le général de Gaulle, NDLR], c'est l'acte majeur de l'indépendance de la Guinée (ex-colonie française) et je ne blague pas », a assuré un administrateur du journal satirique Le Lynx. « C'est la première fois qu'à la veille du scrutin, il était impossible de connaître le nom du futur président ! », relève-t-il.
Phase critique du décompte
De son côté, la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), se dit satisfaite du déroulement du scrutin. « Il ne nous a pas été signalé d'incidents, ni aux abords des bureaux de vote, ni dans les bureaux de vote », a assuré, dimanche soir, le directeur des opérations électorales de la Ceni, Pathé Dieng. Les premiers résultats ont commencé à tomber lundi matin et des estimations provisoires seront communiquées à la population dès mercredi. Les jeux sont ouverts mais trois candidats sont donnés favoris : les anciens Premiers ministres Cellou Dalein Diallo (2004-2006) et Sidya Touré (1996-1999), ainsi qu'un opposant à tous les régimes depuis l'indépendance, Alpha Condé.
Mais les missions d'observation internationales ont appelé à « la plus grande vigilance » au moment de « la phase essentielle » et « critique » des « opérations de décompte, centralisation et annonce des résultats». « Les jours et les heures qui viennent vont être la période la plus difficile. La Ceni a une responsabilité historique. Toute brèche peut entraîner des contestations », a également relevé le président de l'Observatoire national des droits de l'homme (ONDH), Mamadou Aliou Barry.
Premiers remous
Déjà, le directeur de campagne de Cellou Dalein Diallo (UFDG) a évoqué lundi soir, devant la presse, des « irrégularités » dans les communes de Matam et Ratoma. « Dans la commune de Matam, le nombre de voix dépasse le nombre d'inscrits ». « Certains chefs de quartiers et certains chefs de bureaux de vote ont passé la nuit avec des urnes qui avaient disparu puis sont réapparues », a-t-il ajouté, évoquant des suspicions de « fraude » et « bourrage d'urnes ».
Quant à Ratoma, l'une des communes de Conakry les plus peuplées, « il y a une volonté d'annuler près de 3 000 voix dans sept bureaux de vote sous des prétextes divers, liés par exemple au vote avec récépissé », a-t-il également soutenu.