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La Guinée nouvelle

Violence ethnique en Guinée : Le syndrome rwandais guette le pays

 

Les affrontements ethniques, qui avaient secoué l’Est et le Sud-est de la Guinée durant le week-end, ont cessé mais la tension reste vive dans le pays. Des dizaines de boutiques appartenant à des commerçants originaires de la Moyenne Guinée ont été pillées et leurs habitations détruites par des Malinké en furie. Ces violences attisées par des individus hostiles à la démocratisation du pays risquent de compromettre la tenue du second tour de la présidentielle. 

Le calme est finalement revenu en Guinée où des affrontements ethniques ont opposé durant le week-end des militants de l’Union des forces démocratiques de Guinée (Ufdg) de l’ancien Premier ministre, Cellou Dalein Diallo, à des partisans du Pr Alpha Condé, candidat du Rassemblement du peuple de Guinée (Rpg), selon plusieurs sources concordantes jointes à Conakry. Les incidents avaient commencé, samedi, en Haute Guinée, notamment dans les villes de Kankan et Siguiri avant de s’étendre le lendemain, dimanche, en Guinée forestière dont N’Zérékoré et Kissidougou, sud-est du pays. Des dizaines de boutiques appartenant à des commerçants originaires de la Moyenne Guinée, notamment Peul, ethnie majoritaire du pays (environ 45 % de la population) ont été pillées et leurs habitations détruites par des groupes de Malinké en furie. Des sources dignes de foi font également état de plusieurs dizaines de blessés dans les deux camps.

Au moins, un diamantaire Peul a, par ailleurs, trouvé la mort, samedi dernier, dans la ville de Siguiri dans la région administrative de Faranah, Est du pays, précisent les mêmes sources. Le calme est revenu dans plusieurs villes du pays suite aux appels lancés par les deux candidats au second tour de l’élection présidentielle en l’occurrence Cellou Dalein Diallo et Alpha Condé ainsi que par le président par intérim, le général Sékouba Konaté. ‘Le calme semble revenu dans les villes de Siguiri, Kankan, N’Zérékoré et Kissidougou. Mais, la situation reste très volatile et pourrait dégénérer à tout moment’, estime ce commerçant joint à Mandiana, en Haute Guinée. Ailleurs à Conakry où les forces de l’ordre avaient violemment réprimé, il y a dix jours, une manifestation pacifique des militants de l’Ufdg et de l’Union des forces républicaines (Ufr) de l’ancien Premier ministre Sidya Touré, la tension est perceptible malgré le retour au calme.

Pour l’instant, seule la Moyenne Guinée semble échapper à cette spirale de violence aveugle qui risque si, on y prend garde, d’embraser toute la Guinée. Ces affrontements sont, en fait, la conséquence directe de la tension latente qui couve dans le pays depuis la proclamation des résultats définitifs du premier tour de l’élection présidentielle du 27 juin dernier. Il est vrai aujourd’hui que les autorités de la transition portent l’entière responsabilité du pourrissement de la situation politique et sociale. Les reports incessants de la date du second tour, voulus par le gouvernement de Jean-Marie Doré, ont largement contribué à l’exacerbation des tensions ethniques et la cristallisation des rancœurs entre différentes communautés.

Une recette que les gouvernements précédents avaient expérimentée en leur temps et qui les avaient permis de conserver le plus longtemps possible le pouvoir. Depuis son arrivée à la Primature, il y a quelques mois, le Premier ministre s’est jusque-là illustré par son incompétence à gérer les crises cycliques qui secouent la Guinée et sa boulimie du pouvoir. Mais, Jean-Marie Doré n’est pas le seul coupable. C’est toute la classe politique guinéenne qui a failli à sa mission. C’est dire que malgré sa volonté affichée de remettre au plus vite le pouvoir à un gouvernement civile démocratiquement élu, le président par intérim, Sékouba Konaté, n’est pas non plus indemne de reproche. Il donne, parfois, l’impression d’être l’otage des forces centrifuges et communautaires qui l’empêchent véritablement d’agir en tant que chef de l’Etat, garant de la sécurité de tous les fils et filles de la Guinée. Ce qui est souvent perçu par nombre des Guinéens comme une faiblesse de sa part voire un parti pris pour telle ou telle ethnie.

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