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Côte d'Ivoire: le monde se range derrière Ouattara

Côte d'Ivoire: le monde se range derrière Ouattara

 

 

 La crise politique s'est aggravée vendredi en Côte d'Ivoire, après que le Conseil constitutionnel eut déclaré le président sortant Laurent Gbagbo vainqueur de l'élection présidentielle de dimanche, contredisant les résultats annoncés la veille par la commission électorale indépendante qui donnait l'opposant Alassane Ouattara gagnant.

Les nouveaux résultats ont été proclamés vendredi à la télévision nationale, alors que la diffusion des radios et des télévisions étrangères était suspendue dans le pays.

Les résultats de la commission électorale, considérés comme crédibles par les Nations unies, l'Union africaine et la Maison-Blanche, ont donné l'ancien premier ministre Alassane Ouattara gagnant avec 54,1 pour cent des voix, contre 45,9 pour Laurent Gbagbo.

Les résultats du Conseil constitutionnel, qui a proclamé Laurent Gabgbo vainqueur avec plus de 51 pour cent des voix, ont été diffusés en boucle à la télévision nationale et sur les radios du pays, même si ces résultats ont été immédiatement contestés par la mission des Nations unies dans le pays, qui est responsable de certifier les résultats finaux. La mission de l'ONU a convoqué une conférence de presse pour réitérer qu'Alassane Ouattara avait gagné.

Les commentaires de Young-Jin Choi, le plus haut responsable des Nations unies dans le pays, n'ont pas été diffusés en Côte d'Ivoire. Les bulletins d'information du soir n'ont pas mentionné le fait que le président américain Barack Obama et son homologue français Nicolas Sarkozy avait diffusé des communiqués officiels reconnaissant la victoire de M. Ouattara et demandant à M. Gbagbo d'accepter la défaite.

À la télévision nationale, le camp de Laurent Gbagbo a plutôt menacé l'envoyé des Nations unies.

«M. Choi agit contre la charte des Nations unies. C'est une farce qu'un bureaucrate de l'ONU veuille désigner le président de la Côte d'Ivoire», a dit Alcide Djedje, conseiller de M. Gbagbo et représentant permanent de la Côte d'Ivoire aux Nations unies. «S'il continue comme ça, nous lui demanderons de quitter la Côte d'Ivoire.»

L'élection présidentielle était censée restaurer la stabilité en Côte d'Ivoire après la guerre civile qui a éclaté en 2002, détruisant l'économie de l'un des pays les plus prospères d'Afrique. Mais l'élection a accru la tension dans le pays quand il est devenu clair que le président sortant n'était pas disposé à quitter le pouvoir.

Le chef du Conseil constitutionnel, Paul Yao N'Dre, un proche de Laurent Gbagbo, a déclaré à la télévision nationale que le conseil invalidait les résultats de sept des 19 régions du pays parce que des électeurs pro-Gbagbo y avaient été intimidés. Cette mesure a pour effet d'annuler quelque 500 000 bulletins de vote provenant des bastions d'Alassane Ouattara, soit environ un dixième du total des suffrages exprimés.

M. N'Dre a indiqué que la commission électorale avait perdu l'autorité de proclamer les résultats parce qu'elle a dépassé le délai fixé par la Constitution.

La Constitution ivoirienne donne au Conseil constitutionnel l'autorité finale sur le résultat de l'élection, mais l'accord de paix signé en 2007 par Laurent Gbagbo prévoit que les Nations unies doivent aussi certifier les résultats.

M. Choi a réitéré que les Nations unies se tenaient derrière les résultats donnant M. Ouattara vainqueur. Dans un communiqué diffusé du siège des Nations unies à New York, le secrétaire général Ban Ki-moon a affirmé son soutien aux résultats certifiés par M. Choi.

Alassane Ouattara, un ancien économiste du Fonds monétaire international, a convoqué une conférence de presse peu après celle de M. Choi.

«Cette déclaration est une déclaration faite par le président de la Côte d'Ivoire, a dit M. Ouattara. Le représentant spécial du secrétaire général vient de certifier les résultats donnés par la commission électorale indépendante, qui me déclarent gagnant du second tour de l'élection. Je suis donc le président de la Côte d'Ivoire.»

Pendant des jours, le parti au pouvoir a physiquement empêché le porte-parole de la commission électorale d'annoncer les résultats du second tour de dimanche, allant jusqu'à lui arracher les documents des mains alors qu'il tentait de les lire devant les caméras de télévision.

L'Union africaine (UA) a prévenu le gouvernement ivoirien de mettre la nation au premier plan et d'accepter les résultats.

«Toute autre approche risque de plonger (la Côte d'Ivoire) dans une crise aux conséquences incalculables pour le pays, de même que pour la région et pour le continent», affirme le communiqué de l'UA.

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