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Côte d'Ivoire : Yamoussoukro aux mains des pro-Ouattara

L'offensive des troupes ralliées à Alassane Ouattara se poursuit ce mercredi vers le sud du pays.

 

Les forces d'Alassane Ouattara ont pris le contrôle mercredi de Yamoussoukro, la capitale politique ivoirienne. Une victoire symbolique et revers de taille pour Laurent Gbagbo, le président sortant qui refuse de céder sa place à son rival reconnu par la communauté internationale. Sitôt la capitale tombée, Guillaume Soro, le Premier ministre de Ouattara, a lancé un ultimatum. 

«M. Gbagbo a encore quelques heures pour partir, sinon ce sera la marche sur Abidjan. Et ce sera beaucoup plus compliqué pour lui», a-t-il averti sur France 24.

Par ailleurs, le Conseil de sécurité de l'Onu devrait décider de sanctions à l'encontre de Laurent Gbagbo et de ces proches mercredi vers 23 heures (heure française). Une voiture d'escorte de l'ambassadeur de France en Côte d'Ivoire a essuyé des tirs dans l'après-midi des forces spéciales soumises à l'autorité du président sortant.Un acte qualifié «d'inadmissible» par le Quai d'Orsay. 

L'offensive des pro-Ouattara s'est déroulée au pas de charge ce mercredi. Les combattants ont fait leur entrée  peu avant 18 heures à Yamoussoukro. Plus tôt, elles avaient pris Tiébissou à 40 km de là. Progressant vers le sud et Abidjan, siège du régime Gbagbo, ils ont également atteint mercredi la ville de Soubré, située à 130 km au nord de San Pedro, plus important port d'exportation de cacao du monde, selon des habitants. 

Depuis le début de leur offensive il y a trois jours, ils s'étaient déjà emparés d'importantes cités comme Abengourou, Bondoukou, Duékoué et Daloa. Laurent Gbagbo n'a jamais été aussi menacé en quatre mois.  

Au lendemain de l'appel au cessez-le-feu de Laurent Gbagbo, Alasanne Ouattara - le président reconnu par la communauté internationale après la présidentielle de novembre -, a jugé qu'il s'agissait là d'une «diversion». «C'est à Gbagbo de déposer les armes», a déclaré sa porte-parole. Face à l'option militaire choisie désormais par son adversaire, l'armée de Laurent Gbago a, lui, débuté mercredi une campagne de recrutement. Plusieurs milliers de jeunes s'étaient déjà inscrits la semaine dernière pour s'enrôler. 

Des sanctions contre les exportateurs de cacao qui collaborent avec Gbagbo

L'offensive n'est pas seulement militaire, elle touche également l'économie du pays. Alassane Ouattara a menacé ce mercredi «tout exportateur (de cacao, ndlr) qui paierait des taxes aux autorités illégitimes incarnées par Laurent Gbagbo ou qui collaborerait d’une façon ou d’une autre avec elles». «Son agrément lui sera retiré» et «il sera interdit de toute activité sur le territoire national», indique un communiqué officiel. Il fera, en outre,  «l’objet de poursuites auprès des juridictions nationales et internationales».

Plus de 400 000 tonnes de cacao sont théoriquement bloquées depuis l'appel lancé fin janvier par le camp Ouattara à cesser les exportations pour asphyxier économiquement son rival. Cette mesure a encore été renforcée par des sanctions occidentales et a paralysée la filière. Le camp Gbagbo avait toutefois mis début mars la pression sur les multinationales opérant dans la filière cacao, leur donnant jusqu'au 31 mars pour exporter ces centaines de milliers de tonnes de fèves, sous peine de sanctions, voire de saisie.

L'appel à l'aide d'Amnesty International

Au moins 10 000 civils se sont réfugiés dans la mission catholique de Duékoué, dans l'ouest de la Côte d'Ivoire, après avoir fui les récents combats dans ce carrefour stratégique désormais contrôlé par les forces d'Alassane Ouattara, selon Amnesty International.  La Mission de l'ONU en Côte d'Ivoire (Onuci)  «doit, de toute  urgence, protéger ces milliers de personnes», a souligné l'ONG.  Il faut que «les forces de maintien de la paix» agissent  «immédiatement afin d'éviter de nouvelles effusions de sang», a insisté Amnesty.

Par ailleurs, le pape  a annoncé mercredi sa décision d'envoyer un émissaire en Côte d'Ivoire pour encourager «la réconciliation et la paix» et a appelé à «un processus de dialogue constructif» dans ce pays secoué par les violences depuis quatre mois.
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