La Guinée nouvelle
29 Décembre 2011
Le 26 décembre, des mutins ont tenté de prendre le pouvoir dans ce pays sanctuarisé par des narcotrafiquants et dirigé par un président affaibli.
Cette mutinerie est intervenue au
moment même où le chef de l’Etat, Malam Bacaï Sanha, était hors du pays, précisément en France pour des soins médicaux. En effet, démocratiquement élu il y a un peu plus d’un an, le vieil
opposant politique de la Guinée-Bissau est véritablement mal en point : fatigué par le poids de l’âge [64 ans], il est désormais un habitué des hôpitaux occidentaux.
On s’était laissé dire qu’avec la
mort du général João Bernardo Vieira, ancien président, tué de manière atroce le 2 mars 2009, après l’assassinat, la veille, de son chef d’état-major des forces armées, le pays avait amorcé le
processus de démocratisation avec cet opposant historique parvenu, à coups d’élections, à la cime du pouvoir. Mais c’était oublier que, dans cette ex-colonie portugaise, les plus hautes sphères
de l’armée ont depuis belle lurette vécu et vivent encore des fruits florissants de la drogue.
Pour beaucoup d’observateurs de la
scène politique bissau-guinéenne, en effet, ces nouveaux soubresauts étaient tout à fait prévisibles ; ce, d’autant plus que le président Malam Bacaï Sanha, malade, ayant hérité d’un Etat malade
de ses narcotrafiquants, le pays ne pouvait aller qu’à la dérive.
On aurait pu s’attendre à autre chose
si le nouvellement élu à la magistrature suprême de ce pays avait la vigueur de ses vingt ans, c’est-à-dire l’esprit alerte et le jarret ferme et si le pays n’était pas si sévèrement ankylosé par
le virus de la drogue. Pour un si petit Etat comme la Guinée-Bissau, qui manque de moyens financiers, où la démocratie est balbutiante et où l’immense majorité de la population manque du minimum
vital, il était tout à fait difficile de faire face à ces puissants narcotrafiquants sud-américains qui déversent leurs produits de mort dans ce pays, devenu une plaque tournante en la
matière.
Abandonné à lui-même, le pays de
Bacaï Sanha ne fera pas le poids et sera même appelé à disparaître face aux assauts des vendeurs de drogue. Il faut donc que la communauté internationale s’implique résolument pour aider ce pays
à se reconstruire et à tourner le dos au chaos. Si rien n’est fait, on assistera à la naissance d’un autre non-Etat comme la Somalie.