Le président Yar'Adua reçoit des dirigeants chrétiens

Le président nigérian Umaru Yar'Adua, malade et qui n'a plus été vu en public depuis novembre, a reçu brièvement lundi des dirigeants des églises chrétiennes. Selon un pasteur ayant participé à la visite, le président est toujours affaibli, mais capable de "murmurer un 'amen'

Selon le pasteur Emmanuel Kure, la visite a duré "cinq à dix minutes" au palais présidentiel d'Abuja, où les quatre prêtres ont été convoqués et ont dit une prière pour le président, musulman originaire du nord du pays. "Il n'est pas chrétien, je pense qu'il n'a donc pas compris ce que nous avons dit pour lui. Mais il a réussi à murmurer un 'amen'", a ajouté le pasteur.

"On me dit que son état de santé s'est grandement amélioré", a-t-il ajouté, se refusant à d'autres commentaires pour ne pas "échauffer la politique".

Reste que cette visite intervenait après les critiques suscitées par celle, privée, de dirigeants musulmans jeudi au chevet du président.

L'équilibre confessionnel est extrêmement sensible au Nigeria, pays de 150 millions d'habitants où les relations entre chrétiens et musulmans dégénèrent régulièrement en sanglants affrontements, et où le parti au pouvoir fait, depuis le retour de la démocratie, alterner un musulman et un chrétien à la présidence.

Le président Yar'Adua, 58 ans, n'a plus été vu en public depuis fin novembre, lorsqu'il est parti se faire soigner en Arabie saoudite. Selon son médecin, il souffrait alors d'une péricardite aiguë, inflammation de la poche entourant le coeur.

La maladie du président a déclenché une crise constitutionnelle, Yar'Adua étant parti pour l'Arabie saoudite sans céder officiellement l'intérim à son vice-président, le chrétien Goodluck Jonathan. L'Assemblée nationale lui en a donc confié la charge le 9 février, et Yar'Adua, bien que ramené dans son palais le 24 février, n'a pas officiellement repris la direction des affaires.