NOUVEAU PRESIDENT NIGERIEN: l’anti-thèse de Dadis Camara
24 Février 2010
Rédigé par bouba&le pays et publié depuis
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Ils ont à peu près le même âge mais sans doute pas
la même sagesse. Le chef d’escadron Salou Djibo, chef de la junte nigérienne, est aux antipodes de Moussa Dadis Camara. Et c’est réconfortant et rassurant. Les nouveaux maîtres de Niamey semblent
avoir tiré toutes les leçons du lamentable spectacle que leurs frères d’armes guinéens avaient offert, à leur prise de pouvoir.
Outre l’extravagance de la sécurité rapprochée des chefs de la junte, dont certains n’hésitaient pas à arborer des gris-gris, on a vu comment Dadis Camara a transformé la fonction présidentielle en
une clownerie appelée « Dadis Show ». On a aussi vu comment tout cela s’est terminé. Il a fallu que le général Sékouba Konaté reprenne les affaires en main, pour donner une vision claire à la
transition guinéenne. Visiblement, le nouveau pouvoir nigérien veut éviter de tomber dans ces travers. Pour le moment, il semble réussir son entrée en scène.
En dehors des morts enregistrés au cours du coup d’Etat, il n’a pas été fait cas d’exactions sur des citoyens, comme ce fut le cas en Guinée. Pas de hordes de soldats fondant sur les paisibles
citoyens, les pillant et les brutalisant. Au Niger, on a affaire, pour le moment en tout cas, à une junte civilisée. Doit-on pour autant lui donner le bon Dieu sans confession ? Là est la grande
question. C’est pourquoi du reste l’opposition politique reste vigilante. Car rien n’est encore gagné. Le plus dur a été certes de déraciner ce baobab de l’anti-démocratie qu’est Tandja, mais il
faut organiser la transition devant conduire aux élections.
La junte annonce à cet effet de grands chantiers en vue de doter le Niger de nouvelles institutions fiables, solides et crédibles. Mais elle avance si lentement, que cela a de quoi exaspérer
certains démocrates impatients de renouer avec l’Etat de droit. La question est donc de savoir quel est le rythme approprié pour mener les réformes. La junte a de ce fait intérêt à ajuster ses pas
avec ceux de la classe politique nigérienne et de la communauté internationale. Le drame serait de voir, au fil du temps, des dissonances apparaître. En tous les cas, elle est face à un
dilemme.
Aller trop vite, c’est courir le risque de bâcler le processus ou de se retrouver à reporter les échéances électorales. Aller trop lentement, c’est s’éterniser au pouvoir et peut-être ne plus
vouloir en partir. Entre les deux, il faut trouver le bon tempo. La course contre la montre a commencé, en tout cas, avec l’ordonnance prise par le chef de la junte, pour s’autoproclamer président
de la République. Mais pour le moment, seule la musique militaire entonnée par la junte se fait entendre.
Il faut donc souhaiter que dans les plus brefs délais, celle de la société civile et de la classe politique soit aussi entendue, pour donner naissance à un air que tous les Nigériens entonneront à
l’unisson. L’opposition a donné une fourchette pour la durée de la transition qui est de neuf mois. La balle est dans le camp des nouveaux tenants du pouvoir sur qui tous les espoirs reposent, pour
un retour à l’ordre constitutionnel dans des délais raisonnables.