La Guinée nouvelle
19 Février 2010
Vingt-quatre heures après la prise du pouvoir par des militaires dissidents, le sort du président et de ses
collaborateurs, capturés par les rebelles, reste incertain. L'issue de ce coup d'Etat, perpétré à la suite d'un référendum controversé autorisant le président Mamadou Tandja à rester au pouvoir pour une durée indéterminée, est tout aussi floue. La presse internationale déplore un coup d'Etat
"prévisible", fruit de l'ambition démesurée d'un président qui, sous prétexte de vouloir "terminer ses chantiers", n'a pas hésité à manipuler la Constitution nigérienne pour se
maintenir au pouvoir au-delà de ce que lui permettait la loi.
Le reste de la presse, notamment anglo-saxonne, met en perspective ce coup d'Etat avec la situation économique et géopolitique du pays. Le quotidien britannique Times
rappelle que le pays est extrêmement riche en uranium, un matériau très convoité à l'heure où la production d'énergie nucléaire se renforce à travers le monde. Il
souligne également la position "stratégique" du Niger, une région dans laquelle "des sympathisants d'Al-Qaida sont actifs", et le rôle crucial de l'ex-colonisateur français, qui
"tente d'empêcher que la situation ne dégénère comme en Guinée, une autre ancienne colonie d'Afrique de l'Ouest, où des militaires ont pris le pouvoir l'année dernière". Cet incident,
"couplé à une crise constitutionnelle au Nigeria et à la transformation de la Guinée en paradis pour les trafiquants de drogue", pourrait déstabiliser l'ensemble de la région, ajoute le
Times.
La situation est d'autant plus préoccupante que les efforts internationaux pour stabiliser la situation, notamment la décision de l'Union européenne de suspendre l'aide non humanitaire, n'ont pas
abouti, dénonce le Wall Street Journal. Le quotidien économique décrit le Niger comme "un des pays les plus pauvres d'Afrique,
avec des famines fréquentes", dont les ressources en uranium sont principalement exploitées par Areva, qui exerce "un monopole de facto". Le Niger essaie toutefois depuis quelques
années d'ouvrir son industrie à des partenaires extérieurs, par exemple en accordant des concessions à des sociétés chinoises. A ce sujet, le Financial
Times précise qu'Areva a déclaré en 2009 vouloir investir 1,2 milliard d'euros dans une mine d'uranium, ce qui permettrait de doubler la production du pays. Le journal
ajoute enfin que la Chine a signé en 2008 pour 5 milliards de dollars (3,7 milliards d'euros) d'accords d'exploitation avec le Niger. Ce sont notamment ces investissements étrangers qui ont été
invoqués par Mamadou Tandja pour justifier son maintien au pouvoir, précise le FT.