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La Guinée nouvelle

PRESIDENTIELLE GUINEENNE: campagne à l’américaine sur fond de pauvreté

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Le paradoxe guinéen se reflète aussi dans la campagne électorale en cours. Pendant que la grande partie de la population croupit dans la misère, des candidats à l’élection présidentielle mobilisent des moyens colossaux pour aller à la conquête de l’électorat. Les jets privés font partie de la panoplie des moyens déployés à cet effet.

Quand on pense que dans la plupart des pays africains, les candidats sont obligés de mener des campagnes dites de proximité ou du porte-à-porte, faute de moyens, ce qui se passe en Guinée montre bien que le pays roule sur l’or. Malheureusement, comme cela a toujours été le cas, la Guinée est riche de ses potentialités minières, mais pauvre de ses dirigeants qui ont fait main basse sur les contrats juteux d’exploitation des ressources du sous-sol. Les peuples africains ont cependant cette particularité d’admirer ceux qui leur en mettent plein la vue. Pour séduire l’électorat, rien de tel qu’une démonstration de force.

Les dirigeants au pouvoir et candidats à leur propre succession l’ont bien compris, qui déploient une orgie de moyens pour battre campagne. Dans ces conditions, ne demandez pas quel est leur projet de société ; ce sont les milliers de gadgets, les valises d’argent ou les denrées de toutes sortes qui parlent pour eux. Ne demandez pas non plus d’où provient toute cette manne ; c’est le contribuable qui casque.

La Guinée est cependant un cas atypique. Les candidats en lice ne peuvent compter que sur leur carnet d’adresses pour financer leur campagne. Le président au pouvoir n’étant pas candidat à sa propre succession, l’argent de l’Etat ne devrait pas en principe prendre la destination de poches indues. Mais il faut dire que la fièvre électorale qui s’est emparée de la Guinée est surtout le fait de l’importance des enjeux. C’est la première fois que le pays vit une expérience démocratique réellement ouverte. Pas de Sékou Touré ni de Lansana Conté pour briser toute velléité de pluralisme ou pour prendre en otage les résultats des élections, mais un arbitre neutre et soucieux du respect des règles du jeu.

Un peuple longtemps opprimé voit enfin s’ouvrir le boulevard de la liberté et de la démocratie. Il ne peut que s’y engouffrer avec bien sûr le risque des excès liés à une telle jubilation. Quoi de plus normal donc que les candidats, dans l’euphorie générale, se laissent aller à des dépenses peut-être folles, au regard de la pauvreté ambiante, mais que l’on peut comprendre au regard des longues années de répression qu’ils ont connues. Alpha Condé, en particulier, en sait quelque chose, pour avoir subi les foudres des régimes de Sékou Touré et de Lansana Conté. Il fait partie, avec Lansana Kouyaté, Celloun Dalein Diallo et Sidya Touré, du carré d’as des candidats les plus en vue. Il a avec lui l’avantage de n’avoir jamais composé avec le régime répressif de Lansana Conté, au contraire de ses trois challengers. Mais il traîne aussi le poids de l’âge et surtout, la réputation, vraie ou fausse, d’être l’homme de la France. Bref, comme on le voit, les jeux sont ouverts.

Pour une fois, les Guinéens ont leur destin en main. Ils ne doivent donc pas se laisser éblouir par les paillettes et les strasses de cette campagne à l’américaine. En toute âme et conscience, il leur appartient de mettre dans l’urne, le 27 juin prochain, le bulletin qui les sortira définitivement du trou noir.

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