La Guinée nouvelle
12 Avril 2011
La capture du président ivoirien sortant, Laurent Gbagbo, lundi à Abidjan, a été saluée
dans plusieurs quartiers à Conakry, la capitale de la Guinée, où sympathisants et détracteurs du chef de l’Etat déchu assurent en chœur que «son entêtement» a eu raison de lui. Les deux camps
estiment que le président sortant aurait pu sortir par la grande porte s’il avait accepté sa défaite face à Alassane Dramane Ouattara, estimant que son obstination à vouloir s’accrocher au
pouvoir contre vents et marées l’a éjecté dans «un océan d’humiliation» après sa capture. Les événements post-électoraux ivoiriens sont minutieusement suivis en Guinée en raison de la proximité
des deux pays et de la présence massive de ressortissants guinéens en Côte d’Ivoire depuis plusieurs décennies.
Au cours d’un entretien avec la PANA, des Guinéens, notamment certains qui vivaient en Côte d’Ivoire, ont
indiqué être satisfaits de la reddition de M. Gbagbo après le massacre de plusieurs centaines de personnes, dont des compatriotes n’ayant pu regagner le bercail au moment opportun.
«Si Gbagbo n’avait pas été capturé quelles que soient les circonstances, la dictature aurait de beaux jours
devant elle en Afrique où tout président battu à un scrutin présidentiel pourrait s’accrocher au pouvoir. Il est bon qu’il soit vivant pour pouvoir répondre de ses nombreux crimes odieux», a
souligné Mme A. Diallo, esquissant des pas de danse avant d’assurer avoir abandonné son conjoint et ses biens qui ont été pillés à Abidjan.
Elle a souligné vivre encore des souvenirs atroces de liquidation physique par des milices pro-Gbagbo de
simples citoyens, dont des voisins à elle dans le quartier populaire d’Abobo pilonné par des engins lourds des forces armées, fidèles au président sortant.
En revanche, les sympathisants de M. Gbagbo, tout en dénonçant son entêtement, assurent toutefois que les
forces françaises de la Licorne ont outrepassé leurs prérogatives après «leur contribution positive» au pourrissement de la situation et à la chute de leur idole.
Ils estiment que la tâche ne sera pas facile pour M. Ouattara dans sa tentative de réconcilier les
Ivoiriens, notamment 'les déçus' du camp du président sortant qui ont longtemps rêvé de la victoire de leur candidat.
Toutes les tentatives de faire réagir un leader politique guinéen sont restées vaines.
Seul l’ancien Premier ministre de la transition, Jean Marie Doré, avait récemment déclaré à la presse qu’il
protestait énergiquement contre «l’intervention des forces françaises» dans un conflit africain qui, selon lui, devait être résolu par les chefs d’Etat africains.
On rappelle que dès les premiers tirs intervenus dans la capitale ivoirienne à la suite de la publication
des résultats de la présidentielle par le Conseil constitutionnel mettant en selle M. Gbagbo au détriment de M. Ouattara, déclaré vainqueur par la Commission électorale indépendante (CEI), des
centaines d’Ivoiriens avaient franchi la frontière pour se réfugier en Guinée, notamment dans sa partie méridionale.
Le président de la Guinée, Alpha Condé, avait demandé aux autorités locales de faciliter l’accès du
territoire national aux personnes ayant fui les combats post-électoraux, mais avait mis en garde contre l’entrée des armes dans le pays.