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La Guinée nouvelle

Alpha Condé guetté par le syndrome Wade

 

« L’homme supérieur est influencé par la justice, l’homme vulgaire est influencé par l’amour du gain » (Confucius)

 

Ils avaient tous été pendant des décennies dans l’opposition dans leur pays respectif. Et puis, ils font partie tous les deux, de l’intelligentsia africaine. Le premier est un professeur agrégé. Il a milité au sein de la Fédération des Etudiants d’Afrique noire Francophone (FEANF). Le second a été un avocat de renom dans son pays et en dépit du fait qu’il ne soit pas comme le premier, titulaire d’une agrégation, du point de vue diplômes et personnalité intellectuelle, il n’a absolument rien à lui envier.

 

Alpha Condé fut un farouche opposant aux régimes tyranniques d’Ahmed Sékou Touré et Lansana Konté. Abdoulaye Wade, quant à lui, était connu pour son opposition aux présidents Léopold Sédar Senghor et Abdou Diouf. Il y a quelque chose de notable pour le cas de la Guinée-Conakry comme pour celui du Sénégal. Le premier pays n’avait jamais été une démocratie et le nouveau président devrait œuvrer à y laisser un nom : l’homme qui aura apporté la démocratie pour la première fois en Guinée. Curieusement, les actions de Condé contribuent aujourd’hui à maintenir son pays dans son état initial de pays hors-la-loi.

 

Le second, le Sénégal, s’était toujours voulu un modèle de démocratie et tout le monde d’ailleurs s’accorde en Afrique à reconnaître à Senghor, en dépit du manque d’alternance au pouvoir qui avait caractérisé son long règne, des efforts qui lui auront permis de mettre en place des structures qui permettaient de considérer le Sénégal comme une référence démocratique sur le continent. Lesdites structures ont fonctionné normalement jusqu’à l’avènement d’un certain « joli pépé» défraîchi et usé par l’âge et dont le charme contrastera cruellement avec « la belle œuvre titanesque » à laquelle il se livre depuis quelques années.

 

Tout le monde sait les conditions magiques dans lesquelles Alpha Condé a été porté au pouvoir. Lors d’une interview accordée la semaine dernière à RFI, « la victime » de la première élection « démocratique » guinéenne, Cellou Dalein Diallo (CDD), a dénoncé les multiples violations de la constitution dont l’une a permis à Condé de nommer un très proche, Fassiné Touré, médiateur de la République. En conférence de presse publique donnée il y a quelques jours, Fassiné Touré déclarera que les peuhls (ndlr : CDD est peuhl) n’ont qu’à se contenter du pouvoir économique (ndlr : ils sont les grands opérateurs économiques en Guinée) qu’ils ont, et que les autres communautés n’ont qu’à se partager le pouvoir politique. Il ajoutera que si jamais les peuhls arrivaient au pouvoir, ce serait la guerre civile. Ceci permet de voir jusqu’à quel point Alpha Condé constitue un danger pour la réconciliation en Guinée, de même que pour la démocratie.

 

Rappelons qu’il y a quelques semaines, de retour d’un voyage, CDD s’était vu interdire le droit d’être accueilli par les militants de son parti. Ceci sera à l’origine d’un affrontement ayant occasionné des blessés et au moins un mort. Deux militaires assurant sa sécurité, selon CDD, seront arrêtés, jugés et condamnés à des peines de prison, de même que quelques jeunes Guinéens. L’opposant et « démocrate » qui critiquait certaines pratiques hier, s’en accommode aujourd’hui. Alors que reprochait-il aux régimes précédents ? Que l’on ne s’étonne pas de voir plus tard Alpha Condé vouloir s’incruster au pouvoir comme Wade. C’est ainsi que cela commence.

 

De son côté, dans sa logique de se maintenir à tout prix au pouvoir ou de se faire remplacer par son fils Karim, Wade noie la démocratie sénégalaise et jette du discrédit sur sa propre personne. Nous n’en voulons pour preuve que son projet de loi constitutionnel instituant l’élection simultanée du président et du vice-président de la République. Il tient à pousser son pays au rang des Etats voyous du continent dirigés pour la plupart par des irresponsables qui n’ont que faire du bien-être de leur peuple. Que reproche Wade à Kadhafi à qui il demande de quitter le pouvoir ? L’Afrique est maudite, lorsque ses démocrates d’hier se comportent en dictateurs ou demandent aux autres de faire ce qu’ils rechignent à faire eux-mêmes.

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