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La Guinée nouvelle

Des milliers de jeunes Ivoiriens s'enrôlent dans l'armée; L'obtention du départ de Gbagbo serait en bonne voie

Laurent Gbagbo, le 28 novembre 2010.

 

Des milliers d'hommes ont répondu à l’appel de Charles Blé Goudé, chef des jeunes patriotes pro-Gbagbo, les invitant à s’enrôler dans l’armée pour "défendre la souveraineté de la Côte d’Ivoire", laissant craindre une escalade de la violence.

Venus pour s’enrôler, des milliers de jeunes pro-Gbagbo se sont massés devant l’état-major de l’armée ivoirienne à Abidjan ce lundi, dès les premières lueurs de l’aube. Samedi, le chef des jeunes patriotes et ministre de la Jeunesse du gouvernement de Laurent Gbagbo les avait appelés à "libérer la Côte d’Ivoire"

"Je veux une kalachnikov pour défendre mon pays", lance Cyprien, un mécanicien d’Abidjan rencontré par le journaliste de l’AFP. "Je suis prêt à mourir pour mon pays et chasser ces rebelles", renchérit Théodore, cordonnier. 

S’engager dans l’armée signifie également la promesse d’une solde pour les nombreux jeunes sans ressources de la capitale ivoirienne.

"Certains jeunes sont arrivés dès 4 heures du matin, raconte Caroline Dumay, l’envoyée spéciale de FRANCE 24 en Côte d’Ivoire. Ils patientent en se rasant la tête pour pouvoir être intégrés dans l’armée. Ils sont venus si nombreux que l’état-major n’a pas assez de place pour les accueillir". 

Accompagné de Charles Blé Goudé, le chef d’état-major Philippe Mangou a salué "l’engagement et la détermination" des milliers de volontaires qui se sont déplacés devant le quartier général de l’armée "pour défendre la souveraineté de la Côte d’Ivoire". 

Escalade de la violence 

"Armer ces jeunes est suicidaire, c’est les conduire à l’abattoir", a pour sa part répondu le camp d’Alassane Ouattara par la voix d’Anne Ouloto, porte-parole du président élu et reconnu par la communauté internationale. L’appel à ces jeunes "désœuvrés et désarmés" est "la preuve que l’armée a lâché, que l’armée se désolidarise des actes de barbarie" de Laurent Gbagbo, a poursuivi celle-ci, faisant allusion à la mort d’une trentaine de civils, jeudi dernier, dans le quartier pro-Ouattara d’Abobo à la suite de bombardements attribués par l’ONU aux FDS. 

 

Pour Drissa Traoré, président du Mouvement ivoirien des droits humains (MIDH), l’appel de Charles Blé Goudé peut en effet "laisser penser qu’il y a un problème dans l’armée. Les FDS n’ont peut-être pas suffisamment d’hommes ou certains soldats refusent peut-être de combattre", suggère-t-il. 

Celui-ci craint en outre que cette initiative conduise à transformer l’armée régulière ivoirienne en milice. "Le risque est d’assister à une multiplication des massacres de civils", poursuit-il. D’autant plus que, loin d’être en reste, le gouvernement formé par Alassane Ouattara a appelé ses partisans à s’armer, la semaine dernière. "Nous sommes surpris que ce soit Charles Blé Goudé qui appelle l’armée à recruter. C’est en effet à la hiérarchie militaire de procéder au recrutement selon des critères précis. Là, la voie régulière n’existe plus", explique encore Drissa Traoré. 

L’enrôlement de jeunes partisans de Laurent Gbagbo dans l’armée intervient alors que, sur le terrain, les FDS éprouvent des difficultés croissantes à contenir les coups de boutoirs de son adversaire. Bloléquin, une cinquième ville de l’ouest du pays, est ainsi tombée aux mains de l’ex-rébellion des Forces nouvelles, qui soutient Alassane Ouattara, ce lundi, tandis que, à Abidjan, le "commando invisible", qui se cantonnait jusqu’à présent à harceler les FDS à Abobo, n’hésite plus à porter le combat dans les quartiers du sud de la capitale ivoirienne.

Depuis le début de la crise post-électorale, les affrontements entre les partisans de Laurent Gbagbo et d’Alassane Ouattara ont déjà fait quelque 440 morts, selon l’ONU, et contraint des dizaines de milliers d’Ivoiriens à quitter le pays. 

La communauté internationale serait sur la voie d'obtenir le départ de Laurent Gbagbo du pouvoir en Côte d'Ivoire, a déclaré lundi le conseiller spécial de Nicolas SarkozyHenri Guaino. La Côte d'Ivoire est en proie à une lutte pour le pouvoir depuis l'élection présidentielle du 28 novembre, dont Alassane Ouattara a été reconnu vainqueur par la communauté internationale. Mais Laurent Gbagbo refuse de céder le pouvoir. "Il semble que nous soyons en bonne voie d'obtenir son départ", a dit Henri Guaino sur RMC.
 

"Dans les discussions, les négociations et les jeux d'influence qui sont en train de se déployer autour de l'affaire ivoirienne, on peut espérer arriver à un résultat, a-t-il ajouté. Je ne peux pas vous dire dans quels délais." "Il y a toujours une part d'incertitude, nous verrons alors quelles mesures il faut prendre si nous ne parvenons pas à ce résultat, mais pour l'instant nous avons bon espoir", a poursuivi Henri Guaino.
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