10 Décembre 2010
L'Union africaine a décidé jeudi de suspendre la Côte d'Ivoire tant que le président sortant
Laurent Gbagbo n'aura pas cédé la place à son rival Alassane Ouattara, et elle a réintégré la Guinée, où un président démocratiquement élu succède à une junte.
"La décision qui a été prise a été de suspendre la Côte d'Ivoire de toute participation aux activités des
organes de l'UA jusqu'à l'exercice effectif du pouvoir par le président démocratiquement élu Alassane Ouattara", a déclaré à la presse le Commissaire pour la paix et la sécurité de l'UA, Ramtane
Lamamra.
M. Ouattara a été donné vainqueur par la Commission électorale indépendante (CEI) avec 54,1%
des suffrages, mais le Conseil constitutionnel, acquis à M. Gbagbo, a invalidé ces résultats et l'a proclamé président avec 51,45%.
"Nous avons lancé un appel pressant à M. Laurent Ggabgo pour qu'il respecte les résultats de l'élection et facilite la passation de pouvoir au président démocratiquement élu", a poursuivi M.
Lamamra.
L'Union Africaine prend ainsi le relai de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) et de l'ONU, qui avaient déjà pris clairement position en faveur de M.
Ouattara.
Mercredi soir, le Conseil de sécurité de l'ONU avait assorti ce soutien à M. Ouattara d'un avertissement implicite à l'encontre de M. Gbagbo, en condamnant "tout effort de renverser la volonté du
peuple".
L'UA avait de son côté appelé dès samedi au respect des résultats de la Commission électorale ivoirienne désignant le leader de l'opposition vainqueur du scrutin, et condamné toute tentative de
"remettre en cause la volonté populaire", sans toutefois citer alors nommèment les deux protagonistes de l'élection du 28 novembre.
Au cours de la même réunion jeudi de son Comité pour la paix et la sécurité (CPS) au siège de l'organisation, à Addis Abeba, l'UA a d'autre part réintégré officiellement la Guinée, après l'avoir
suspendu pendant deux ans à la suite du coup d'Etat d'une junte en décembre 2008.
Le régime militaire en Guinée a pris fin en novembre avec l'élection à la présidence de l'opoosant historique Alpha Condé, devenu le premier président démocratiquement élu depuis l'indépendance
de 1958.
"Nous avons voulu lever les sanctions" car "on a estimé qu'il fallait donner beaucoup plus de chances au processus qui a été enclenché" en Guinée, a commenté devant les journalistes Amadou
Ndiaye, ambassadeur du Mali en Ethiopie et président du CPS jusqu'à la fin du mois.
"La levée des sanctions (contre la Guinée) prend effet immédiatement", a précisé de son côté M. Lamamra.
Lors de sa précédente réunion samedi, le Conseil de paix et de sécurité de l'UA avait estimé que l'élection en Guinée devait servir d'"exemple sur le continent".
La Guinée est d'autre part pressentie pour contribuer à hauteur d'un bataillon (environ 800 hommes) à la force de l'Union africaine (Amisom) actuellement déployée dans la capitale somalienne
Mogadiscio face aux insurgés islamistes shebab.