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La Guinée nouvelle

Pourquoi a-t-on du mal à arrêter de fumer ?

La plupart des ex-fumeurs ont arrêté sans l'aide des patchs et autres substituts nicotiniques à l'efficacité aujourd'hui douteuse.

Au départ, les choses semblaient simples. Rue89 nous proposait de réaliser un dossier sur le sevrage tabagique, d'enquêter sur ces innombrables méthodes qui sont proposées pour arrêter de fumer. Facile, pensions-nous.

Et puis en creusant, nous avons eu quelques surprises de taille. Par exemple, le rôle de la nicotine. Tout le monde le sait : c'est la nicotine qui tient le fumeur. Logique que, pour décrocher, on lui propose une grande variété de « substituts nicotiniques » : patch, gomme, inhalateur, spray…

D'où notre étonnement lorsque nous découvrons qu'il est non seulement admis depuis un bout de temps, dans le milieu scientifique, que la nicotine n'agit pas seule sur nos petits neurones, mais que de plus son complice a été identifié : le sucre.

Une équipe française à l'origine de cette découverte majeure

C'est même une équipe française qui a publié en janvier 2009 cette découverte, dans le Journal of Neuroscience, qui n'est pas vraiment un fanzine, mais leur étude n'a pas fait de bruit en France.

Pourtant, les substituts nicotiniques passent encore auprès du public pour les meilleurs alliés du candidat au sevrage. Il faut dire que l'on ne s'est pas donné trop de mal pour lui expliquer, au public, à quel point ils sont peu efficaces. C'est le résultat de nos recherches sur le patch et autres substituts à la gomme.

Mais le plus grave, expliquent des chercheurs australiens dans une étude parue en février, c'est que le discours dominant sur le sevrage minimise un fait statistique de taille : la grande majorité de ceux qui ont réussi à cesser de fumer ont obtenu ce résultat sans aide.

Plus problématique encore : le sevrage sans aide est occulté et les substituts nicotiniques survendus dans les articles scientifiques eux-mêmes quand ils sont signés par des auteurs liés à l'industrie pharmaceutique.

Le business des substituts nicotiniques tourne comme avant

Le plus gros scandale est là. Ce n'est pas par hasard si les campagnes anti-tabac semblent surtout indiquer le chemin de la pharmacie. De la recherche à la définition des politiques publiques, le lobbying des Pfizer, GSK et autres travaille le discours sur le sevrage dans le sens de la médicalisation.

Un système parfaitement rodé, où les liens incestueux entre industriels, recherche publique, médecins et politiques sont omniprésents.

Les géants du médicament ont même réussi à transformer un revers en succès. Les substituts nicotiniques ne font pas de miracle ? « Good news pour le business », si l'on sait jongler, si l'on parvient à transformer le remède pour arrêter d'hier en un chewing gum tendance qui agrémente la vie du fumeur, lui donne bonne conscience et lui permet de remettre éternellement à demain l'arrêt définitif.

C'est ce qui est arrivé avec les produits Nicorette. Il suffit d'orchestrer la « com » ad hoc.

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