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Afrique du Sud : sexe, haine et politique

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Ces trois ingrédients de la vie politique sud-africaine ne concernent plus seulement Jacob Zuma. Julius Malema, 29 ans, président depuis 2008 de la Ligue des jeunes du Congrès national africain (ANC), le parti au pouvoir en Afrique du Sud, a été condamné le 15 mars pour «discours haineux». Il avait déclaré en janvier que la plaignante, dans le procès pour viol de l'actuel président sud-africain, Jacob Zuma, avait passé «du bon temps». C'est une femme, la juge Colleen Collis, qui a condamné Malema à des excuses publiques et à verser 50 000 rands (5 000 euros) à un centre d'aide aux femmes battues.




«Quand une femme ne prend pas de plaisir, elle part tôt le matin, avait affirmé en janvier Julius Malema. Celles qui ont passé du bon temps restent après le lever du soleil, demandent un petit déjeuner et de l'argent pour payer leur taxi». Celle qui était visée, Fezeka Kuzwayo, la fille d'un vieil ami de Jacob Zuma, tente de refaire sa vie depuis 2007 aux Pays-Bas, où l'asile lui a été accordé. Vilipendée pendant le procès pour viol qu'elle avait intenté en 2005 à Jacob Zuma, accusée par large frange de l'opinion noire d'être manipulée et d'avoir tendu un piège politique au rival de Thabo Mbeki, l'ancien président, elle refuse de parler à la presse.


Acquitté en 2006, Zuma était sorti la tête haute de ce procès, mais la réputation ternie. Il avait en effet expliqué avoir «pris une douche», après un rapport non protégé avec la jeune femme, qu'il savait séropositive. Julius Malema, qui compte parmi ses plus fidèles soutiens, n'a visiblement pas cessé de prendre sa défense sur ce dossier, pourtant clos.


Ce jeune loup de l'ANC multiplie les polémiques à cause de sa mauvaise foi et de ses déclarations à l'emporte-pièce. Le turbulent Malema, qui n'a pas son bac mais se vante d'avoir su manier une arme à 13 ans, représente la relève politique. Il est perçu comme un «dangereux idiot», pour reprendre les termes d'une jeune militante de l'ANC, au sein même de son parti. Accusé de mener grand train, il nie cumuler les postes de directeur au sein de sociétés ayant bénéficié de marchés publics dans le Limpopo, la province dont il est originaire. L'opposition blanche, menée par des figures féminines comme Helen Zille, demande des enquêtes sur sa situation fiscale, Malema n'ayant payé aucun impôt depuis qu'il préside la Ligue des jeunes de l'ANC. 



Il s'est défendu en jouant la carte raciale – une tentation à laquelle succombe aussi son mentor, Jacob Zuma. Malema, souvent croqué par le caricaturiste sud-africain Zapiro avec des couches-culottes, n'a pas hésité à entonner un vieux refrain de lutte, «kill the Boer, kill the farmer», le 9 mars, lors d'un meeting avec des étudiants. Ce refrain équivaut à un appel au meurtre dans la nouvelle Afrique du Sud, où les fermiers blancs disparaissent au rythme d'une centaine par an, depuis 12 ans, victimes d'assassinats dans les campagnes. Ce chant a été classé parmi les «discours haineux» en juillet 2003, par la Commission sud-africain des droits de l'homme (SAHRC). Cette institution a reçu des dizaines de plaintes après le chant de Malema. Le protégé de Winnie Mandela et de Jacob Zuma pourrait être traduit en justice une seconde fois, pour le même chef d'inculpation.

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