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La Guinée nouvelle

Cellou Dalein Diallo: un discours de rupture ?

 

Après le meeting du dimanche duquel le président de l'UFDG aurait profité pour dénoncer le complot à caractère ethnique qui l'a éloigné du pouvoir et l'actuel président du CNDD/RPG, Cellou est passé sur la TV5 hier lundi 15 février 2011 pour dénoncer les dérives dictatoriales d'Alpha Condé. 

Comme annoncé, les alliés Ibrahima Abé Sylla de la NGR et Fodé Mohamed Soumah de la GECI tout comme le vice-président Bah Oury étaient présents au meeting du dimanche 14 février 2011.

<< L'unité de la Guinée se fera autour des valeurs. Ce ne sera pas autour des ethnies. Ce ne sera pas autour des régions. Parce qu'on ne s'en sortira pas..... Je pense qu'il y a un certain nombre de Guinéens attachés à des principes et à des valeurs. Des valeurs que nous partageons. Nous avons beaucoup de forestiers qui ont le souci de la démocratie, qui veulent combattre l'injustice et la misère en Guinée. Ces Guinéens existent dans toutes les ethnies. Lorsqu'ils se retrouveront autour de ses valeurs, et mèneront le combat, il n’y a aucun doute que la Guinée va sortir de la marginalisation dans laquelle elle se trouve >> a déclaré Cellou nous rapportent des témoins.

Pour l'échec de l'alliance des bâtisseurs, Cellou est catégorique, selon notre confrère aminata.com et d'autres témoins:  Sékouba Konaté et Jean Marie Doré ont favorisé le candidat Alpha Condé à la présidentielle 2010.

<< Nous avons subi une répression silencieuse, mais brutale. Parfois ouverte. Et, nous n'avions pas d'interlocuteurs. On arrêtait nos jeunes. On confisquait leurs motos. Le RPG nous provoque et annonce qu'on les a agressés. On vient arrêter nos jeunes. On ne savait pas à l'époque que l'administration était complètement à la dévotion de l’Alliance Arc-en-ciel. Nous constations l'injustice. On essaie de les libérer. Mais, impossible de trouver un interlocuteur. Parce que, c'est l’Etat qu'il faut voir. C'est comme l'affaire de Siguiri et de Kouroussa. On a été partout pour dire que ça s'est très grave. C'est un problème trop grave pour qu'on le passe sous silence. Mais, nous n'avions pas eu d'interlocuteurs. C'est comme ça que nous avons fini par nous rendre compte que tout le monde était contre nous. Ils ont décidé qu'il ne fallait qu'à aucun prix que Cellou accède au pouvoir. Toutes les dispositions ont été prises pour déstabiliser l'UFDG. Pour organiser la fraude. Vous avez entendu du vol de 50 ordinateurs, bien avant les élections, aucune enquête. Les imprimantes ont disparu. Personne ne s'en occupe. Nous, on essaie de parler, pas d'interlocuteur! Toute l'administration était acquise à l'idée qu'il faut tout faire pour que Cellou n'accède pas au pouvoir parce qu'il est peul. On a fondamentalement perdu les élections par la fraude et la position partisane du gouvernement >> a déploré Cellou Dalein Diallo, comme nous rapporte également le site aminata.com.

Nous discutons un seul passage de ce discours:

<< On ne savait pas à l'époque que l'administration était complètement à la dévotion de l’Alliance Arc-en-ciel  >>

Si monsieur le président de l'UFDG ! Vous et votre parti avez été constamment informés et avertis là-dessus mais vous n'aviez pas voulu le croire peut-être. Votre erreur, c'est d'avoir cru que Sékouba et son conseiller Tibou Kamara sont des personnes d'honneur et de conscience. Vous avez vite oublié qu'il s'agit des délinquants et arrivistes sortis du néant, affairistes et profondément tribalistes anti-peuls.  Vous avez oublié que c'étaient eux le noyau du CNDD qui s'attaquait aux peuls et à votre personne. Mais si cette expérience vous sert pour l'avenir, alors on ne peut que s'en réjouir.

Face à la journaliste de TV5 qui rappelle que la Constitution guinéenne prévoit les législatives dans les 6 mois après la présidentielle, Cellou Dalein Diallo affirme:

<< Je pense qu'elles devraient avoir lieu dans le délais légal, c'est à dire dans les 6 mois après la présidentielle. >> 

avant d'ajouter que les actes qu'a posés jusque-là le nouveau président Alpha Condé montrent qu'il ne peut pas et ne veut pas mettre en œuvre une politique de réconciliation et de la mise en place d'un Etat de droit.

Ce n'est pas ferme et cette formulation ne met pas Alpha Condé et les partenaires de la Guinée clairement en garde pour que ce délais soit respecté. Tout de même, c'est courageux de sortir du silence. Mais l'opposition doit savoir qu'il ne reste plus que 4 mois et que sans une véritable fermeté maintenant de ne plus accepter une telle violation de la Constitution pour faire traîner le processus, permettant à Alpha Condé de faire ce qu'il veut, surtout que le CNT ne joue pas son rôle de contrôle des actions du gouvernement, on se retrouvera à nouveau dans une situation où il faut se rencontrer pour faire un compromis afin de fixer une nouvelle date comme lors de la présidentielle. 

En ce moment, l'alliance d'Alpha Condé n'existe plus. Même Kouyaté a reconnu que depuis l'élection d'Alpha, ils ne se sont plus réunis. 

Alpha Condé n'avait besoin de ces opportunistes et régionalistes que pour avoir le fauteuil présidentiel. Maintenant, il estime que le CNDD lui suffit comme allié pour garder le pouvoir. Il veut avoir le parlement à lui et a donc besoin du temps pour avoir les gouverneurs et préfets à lui, assainir les zones électorales de Conakry, l'administration et les services de sécurité avant d'organiser les législatives. Si l'opposition ne se montre pas vigilante maintenant en exigeant une évaluation mensuelle de l'avancement des préparatifs et prévenir, de ne plus reconnaitre l'autorité du président et de son gouvernement s'ils ne respectent pas le délais fixé par la constitution, rien ne changera au comportement d'Alpha Condé que l'on a connu en 2010. Or, il faut absolument éviter l'erreur de laisser Alpha avoir "légalement" et "démocratiquement" le parlement à lui. On voit que la communauté internationale affirme haut et fort que les élections se sont bien passées en Guinée. Elle dira la même chose une fois que les législatives auront lieu, avec ou sans l'opposition.

Pas question donc de boycotter les élections législatives si le pouvoir ne respecte pas la Loi et les règles démocratiques du jeu ! L'opposition doit prévoir et prévenir que s'il refuse de respecter les règles ou si le délais légal expire, elle organisation des manifestations populaires pour exiger le départ du régime tout entier et l'organisation de nouvelles élections générales en Guinée sous l'égide des Nations Unies. Une telle fermeté affichée dès maintenant remettrait Alpha Condé sur le chemin de l'Etat de droit, dans l'intérêt de tous. Car, le pouvoir ne mérite respect et sa reconnaissance que dans le respect et l'esprit de la Constitution. S'il ne reconnait pas ou ne respecte pas cette Constitution, il n'a plus sa raison d'être légitimement. Chaque groupe organisé qui se dote des moyens de force peut s'autoproclamer "autorité suprême" dans un tel pays.

 

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