1 Octobre 2010
Le lien qui unissait jusqu’ici l’alliance hétéroclite des partis de l’Alliance « Arc-en-ciel » tenait à la volonté de déstabiliser le processus électoral. Une fois que les agents de la sainte alliance croient que cet objectif négatif est atteint, les contradictions apparaissent malgré les efforts de sauver la façade. Chacun se positionne à sa façon pour dépecer la dépouille des élections sabotées pour garnir sa fortune politique.
Parmi les égéries d’abord. Daraba Saran s’est donnée pour spécialité de redorer le blason de Alpha Condé après son score ridicule du premier tour de l’élection
présidentielle. Elle travaille contre le réel et pour brouiller les faits. Elle a tissé une toile d’araignée ethno autour du candidat du RPG. Cela n’est pas du goût de l’autre
égérie, Rougui Barry, ancienne ministre du Capitaine Dadis Camara. La semaine dernière, les deux ont failli en venir aux mains.
Selon notre source, les deux dames se sont dit des grossièretés que la décence interdit de répéter. Ce qui a mis le feu sur le baril de poudre entre les deux femmes est un simple incident
qui montre jusqu’où la confiance règne dans le ciel du RPG. Madame Rougui Barry avait mal pris la tentative de Saran Daraba de l’exclure, elle et Ousmane Bah de l’UPR, d’une réunion restreinte du
RPG. Si elle s’est tant offusquée de la démarche c’est que les rumeurs persistantes répandues par son adversaire, Saran, les soupçonnent, parce qu’ils sont peuls, d’être des taupes de
l’UFDG, introduites au sein de l’alliance arc en ciel.
La paranoïa n’est pas seulement contre les peuls. Kassory Fofana dénonçait, peu avant son départ pour les États-Unis, l’autre semaine, le sentiment de discrimination et de suspicion
qui prévaut dans l’alliance. En présence de Ousmane Kaba, Kassory avait fait remarquer que deux types de réunions se tenaient au sein de l’alliance : les unes restreintes ne regroupant
que les leaders malinkés et les autres, élargies auxquelles participent tous les membres.
Kassory et Ousmane Kaba aussi en faillirent venir aux mains. Ousmane répliqua de façon virulente aux remarques de Kassory. Il se mit à fulminer, exaspéré que de tels propos sont de nature à
porter atteinte à la cohésion du groupe dans cette phase critique de l’entre deux tours. Campant sur sa position, Kassory rétorqua, en faisant de l’esprit, que comme la flamme, la cohésion
s’entretient. Or, le travail fractionnel sur une base ethnique auquel se livrerait le noyau dur de l’alliance crée un climat malsain ; le noyau dur a peur que les tactiques
qu’ils ont mises en place pour déstabiliser Cellou, effrayer Konaté, acheter la CENI et corrompre Jean-Marie Doré ne soient portées à la connaissance du public. Une véritable
paranoïa doublée d’une purification des secrets s’est installée dans l’alliance.
On aurait tort de croire que l’empoisonnement est seulement ethnique. Il y a en plus les problèmes délétères de personnes et les rivalités sourdes d’avant l’heure entre Kouyaté
et Alpha qui se regardent en chien de faïence pour le contrôle du leadership de l’alliance. Avant même les élections. On se demande ce que ce sera après. Alpha se demande en
privé de ce qu’il doit faire de Kouyaté qui l’a bien piégé en jouant l’indispensable avec son trésor de guerre. Si Alpha fait même un meilleur score que la fois dernière, il se
sentira toujours l’obligé de Kouyaté. S’il perd, il sait que Kouyaté a mis sur pied une toile d’araignée plus dangereuse que celle de Saran Daraba, qui va l’éjecter de la
politique. Les observateurs de l’alliance savent que rien ne peut réconcilier les deux hommes. Kouyaté, se vante d’avoir le temps devant lui. Sa stratégie diverge nettement de celle
d’Alpha. Il veut mettre en place les jalons qui conduiraient à la victoire aux législatives tandis que Alpha mise entièrement sur l’élection présidentielle, pour le poste qu’il convoite
depuis plus de 40 ans. Les allusions de Kouyaté l’irritent à telle point qu’il aurait confié que ce dernier se moque de lui quand il parle de prendre du recul et de jouer sur la
durée.
En plus, dur pour Alpha, beaucoup de militants de l’alliance chantent les louanges de Kouyaté qui, avec son trésor de guerre khadafien, est plus à même de les dépanner financièrement
alors qu’Alpha Condé, les repousse, souvent avec son mépris et sa parcimonie habituels.
Pour compliquer cette photo de l’alliance, il y a l’équation Ousmane Kaba. Il est venu dans l’alliance en déclarant qu’il sera l’héritier d’Alpha. Pauvre Alpha ; c’est
comme si, à force susciter et de s’allier avec des factions opposées pour garder le contrôle des choses, le vieux routier de la politique se soit mélangé les pédales avec une junte
d’ambitieux qui vient frapper à la porte du soir, en conjuguant sa vie au passé.