28 Mai 2010
Les chancelleries occidentales ont fait le service minimum, mais c'est encore trop aux yeux des associations de défense de droits de l'Homme. Ce jeudi matin, à Khartoum, des diplomates
occidentaux, dont les premiers secrétaires de l'ambassade de France et de Grande-Bretagne, ont assisté à la cérémonie d'investiture d'Omar el-Béchir, réélu à la tête du Soudan pour cinq ans.
Inculpé de crimes de guerre par la Cour pénale internationale (CPI) pour ses responsabilités dans le conflit au Darfour, l'homme fort du Soudan fait l'objet d'un mandat d'arrêt depuis mars 2009. Ce qui ne l'empêche nullement de circuler dans des
pays amis. En revanche, Béchir ne met plus les pieds en Europe. Ainsi, il ne sera pas présent lors du sommet Afrique-France, qui se tient à Nice la semaine prochaine.
Malgré cette représentation minimale des diplomaties occidentales, Human Rights Watch a fait part de sa profonde déception. L'ONG
basée à New York avait appelé les Occidentaux (Américains compris) à boycotter la cérémonie. «Les Nations Unies étaient
représentées en contradiction avec leurs propres principes en matière de relations avec des personnes sous coup d'un mandat d'arrêt CPI», déplore le directeur de HRW à Paris, Jean-Marie
Fardeau. «Béchir pourra se vanter d'avoir le soutien du corps diplomatique.» L'ONU est dans une situation schizophrénique au Soudan: la CPI a inculpé Béchir, mais les Nations unies
appuient une force africaine de paix au Darfour...
Cette polémique intervient à quelques jours de la tenue d'une réunion à Kampala, en Ouganda, sur la manière de renforcer la coopération entre les Etats africains et la CPI. Mardi, 124 ONG issues de 25 pays africains ont lancé un appel à leurs dirigeants pour qu'ils soutiennent plus efficacement la justice internationale. Pour HRW, les Occidentaux ont démontré, ce matin, à Khartoum, qu'ils n'étaient pas à une contradiction près, au risque d'affaiblir les efforts de la société civile africaine.