2 Avril 2010
Le Général Sékouba Konaté a entrepris le 31 mars 2010 une visite dans la capitale de l’ancienne métropole. Vraisemblablement privé, le séjour du Président par Intérim de la République de Guinée a une forte connotation politique.
Le Général Sékouba Konaté a entrepris le 31 mars 2010 une visite dans la capitale de l’ancienne métropole. Vraisemblablement privé, le séjour du Président
par Intérim de la République de Guinée a une forte connotation politique.
Les différentes rencontres qu’il a eues avec les hautes personnalités françaises dont Bernard Kouchner, Ministre des Affaires Etrangères, d’Alain Joyandet Secrétaire d’Etat à la Coopération et les dirigeants du Mouvement des Entreprises de France (MEDEF) sont en elles- mêmes des signes éloquents de la considération dont jouit le Président de la transition.
Sûrement, le rendez- vous non programmé auparavant, mais qui a été obtenu, avec le Président Français Nicolas Sarkozy conforte la stature internationale de celui qui veut mener la Guinée aux premières élections libres et équitables de son histoire.
Incontestablement, la rencontre de l’Elysée donne plus de solennité à la visite parisienne de Sékouba Konaté. Ce tête-
à- tête au sommet de l’Etat Français marque la consécration de ce soldat qui se montre de plus en plus digne de considération en se positionnant en interlocuteur fiable.
Ce n’est nullement le statut d’ancienne métropole de la France qui motive cette appréciation des faits. C’est la trajectoire politique que notre pays a traversée ces 15 derniers mois qui confère
une particularité à l’attention dont le Président par Intérim jouit de la part des autorités françaises.
En effet, depuis le 28 septembre 2009, les membres du CNDD et du gouvernement guinéen étaient au banc de la communauté internationale. Cette situation découlant des massacres et viols perpétrés par la garde prétorienne de Moussa Dadis Camara et par certains éléments armés sur les manifestants de la liberté et de la démocratie.
Force est de reconnaître que Sékouba a pu raviver l’espoir du peuple de Guinée en obtenant les Accords de Ouaga qui ouvrent la voie à des élections libres et transparentes. Ayant réussi à faire oublier tant soit peu la schizophrénie au sommet de l’Etat guinéen, il est en train de rassurer la communauté internationale. Tout prouve que sa détermination à aller de l’avant lui ouvre des portes auxquelles son prédécesseur n’a jamais eu accès.
Et pour cause ?
Le Général Sékouba semble avoir compris que les portes de l’Histoire lui sont ouvertes avec autant de chance de les saisir que son ancien compagnon d’armes. Les actes qu’il est en train de poser montrent qu’il a conscience de son rôle.
Un rôle historique qui ne sera exploité que par ceux- là qui se mettent au- dessus de la mêlée, de la cohue, de la mamaya, de la flagornerie, de la démagogie, de l’insolence et qui éviteront la violence, la vanité et le reniement de soi et de la parole donnée. Il n’est pas besoin d’être un Moïse pour comprendre que la confiance et la considération se méritent. Que les honneurs se forgent si et seulement si le rang qu’on occupe est mérité.
Nul besoin de rallonger les critères tant ce soldat garde son calme olympien face aux tentations du pouvoir. Il résiste encore et, espérons qu’il le fera jusqu’au bout, aux encensements des guetteurs d’amitié, de postes et de sensations qui envahissent les allées qui mènent chez le chef.
La France aurait- elle comprit que Sékouba est l’homme de la rupture ?
Le conviera- t- elle à respecter ses engagements en s’inscrivant en porte- à- faux avec tout le passé politique de la Guinée ?
Espérons- le !
En tout cas, Konaté a une carte à jouer à Paris. Et au- delà !
Les enjeux en valent la peine. Il peut faire de son séjour français une illustration de plus de sa volonté inébranlable de conduire notre pays à la démocratie et à la paix sociale. Ces gages de tout développement économique peuvent se renforcer si l’élan actuel se confirmait par des actes concrets des prochains jours.
Des accords ou des contrats sur la réforme de l’armée et bien d’autres constitueraient un grand départ. En tout état de cause, lorsque la destinée de tout un peuple est engagée, l’ouverture démocratique est la seule voie salutaire. On ne saurait nier qu’en ce concerne la Guinée, la communauté internationale nous y encourage.
Enfin, l’un des atouts de la visite française du Président de la République par Intérim est la désillusion de certains membres du CNDD et de l’ancien gouvernement. Jusqu’à présent « ces interdits de voyage » croyaient que la communauté internationale n’était pas au sérieux lorsqu’elle parle d’interdiction de visa et de sortie en ce qui les concerne.
La prise de position de la France sur la question est à encourager. Sans nul doute, si la brèche était ouverte par l’offre de visas aux personnes soupçonnées de Crime contre l’Humanité ou de complicité, c’est tout l’espoir de rendre justice aux victimes et toute la procédure judiciaire des massacres du 28 septembre 2009 qui seraient réduites à néant.
Espérons que la rencontre programmée de Sékouba avec les Guinéens de France confortera le rêve d’une Guinée démocratique par l’organisation d’élections libres et transparentes en juin prochain. Si était le cas, ce soldat intègre et calme aura prouvé que les grandes causes n’ont guère besoin de mégalomanie et de tapage !