6 Novembre 2010
Le président de la transition en Guinée, le général Sékouba Konaté, a réaffirmé samedi, à la veille du second tour de la présidentielle, que l'armée n'aurait pas de regret à quitter le pouvoir, après 26 ans de régimes militaires, et a clamé "vive la démocratie".
L'ancien général putschiste, qui avait été désigné il y a dix mois pour diriger le pays jusqu'à la "première élection libre" de son histoire, s'exprimait au cours d'une cérémonie solennelle, face à deux candidats civils en lice pour le scrutin de dimanche, Alpha Condé et Cellou Dalein Diallo.
"Nous, les militaires (...) sommes résolus à accompagner et enraciner la démocratie" en Guinée, a-t-il lancé.
"Il n'y a eu aucun espoir de garder le pouvoir, encore moins de regret à devoir le quitter", a-t-il ajouté, assis dans un grand fauteuil rouge, dominant un parterre de personnalités.
"Le dernier défi de cette transition: élire notre président dans la paix, la sécurité, la confiance en notre avenir commun, dans l'union de tous les fils de la Guinée", a-t-il dit.
"Le rendez-vous de demain n'a été possible que parce que nous avons (...) lutté ensemble afin de revendiquer des droits et libertés bafouées", a en outre affirmé l'ancien officier putschiste, treize mois après le massacre de plus de 150 opposants par les forces de défense et de sécurité, à l'époque où il était ministre de la Défense de la junte au pouvoir.
"Nous devons nous souvenir pour toujours de ces martyrs de la démocratie et de la liberté pour nous imposer (...) la raison et la retenue", a-t-il ajouté.
Le second tour, reporté deux fois, doit départager deux civils, après 52 années de dictatures: un ancien Premier ministre sous le régime du défunt général Lansana Conté, Cellou Dalein Diallo et un opposant historique à tous les régimes, Alpha Condé.
Des violences politico-ethniques s'étaient produites à intervalles réguliers depuis septembre entre des partisans des deux candidats qui appartiennent aux deux principales ethnies du pays, peule et malinké.
MM. Diallo et Condé avaient lancé vendredi soir un appel commun au "calme" et à la "fraternité" et s'étaient donné l'accolade devant les caméras. Samedi, ils se sont de nouveau serré publiquement la main, en riant.
Au cours de la cérémonie, le général a déploré "les actes de violence et de vandalisme subis ces derniers jours" et demandé à tous les services de l'Etat de "faire preuve de plus de vigilance et de fermeté".
Appelant à "combattre tous les instincts de violence", il a décrit un pays "composé majoritairement de jeunes qui se cherchent un chemin (...) et sont faciles à manipuler pour descendre dans la rue".
Il a achevé son discours en lançant: "Vive la démocratie! Vive les élections! Vive l'unité nationale!".