8 Janvier 2010
La disparition du président paralyse les institutions démocratiques. Jusqu'ici feutrées, les tensions au cœur du pouvoir se font de plus en plus vives. Plus personne ne croit les messages
rassurants de la présidence annonçant le «retour prochain» du chef de l'État. Mardi, la puissante Association des barreaux du Nigeria a donc officiellement demandé que le vice-président Goodluck
Jonathan soit provisoirement porté à la tête du pays comme l'autorise la Constitution. Une exigence immédiatement relayée par la société civile et les leaders de l'opposition.
Sous la pression, les députés pourraient désigner une commission chargée d'enquêter sur le réel état de santé du président. Une façon de gagner un peu de temps en espérant une solution miracle. Car cette crise constitutionnelle arrive au plus mauvais moment. Premier producteur africain d'or noir, le Nigeria souffre d'une corruption endémique et d'une misère patente. Dans le sud du pays, marginalisé depuis des décennies par le pouvoir central, l'armée doit faire face à plusieurs mouvements d'insurrection qui minent la production pétrolière.
Premier président élu après une alternance démocratique en 2007, Umaru Yar'Adua a considérablement déçu. De santé fragile et peu charismatique, l'homme avait été précisément choisi pour ses faiblesses par son prédécesseur, Olusegun Obasanjo.
Mais paradoxalement, son retrait de la scène politique ne ferait qu'ajouter un problème aux autres. Au nom d'une règle non écrite, le pouvoir au Nigeria se partage, à tout de rôle, entre Sudistes chrétiens et Nordistes musulmans. Ces derniers verraient sans doute d'un très mauvais œil leur «frère», Umaru Yar'Adua, si effacé soit-il, céder sa place au Sudiste Goodluck Jonathan.
Cette communauté vit déjà très mal les soupçons d'extrémismes pesant sur elle. Une alternance brutale sonnerait comme un nouveau désaveu à même de relancer des violences éthnico-religieuses. Or les militaires ont toujours dit qu'ils n'hésiteraient pas à «prendr