Proche-Orient : la tension monte autour des lieux saints

Une escouade de policiers israéliens fait irruption sur l'esplanade des Mosquées : cette scène, qui s'est déroulée dimanche dans la vieille ville de Jérusalem, constitue souvent un mauvais présage. Cette fois-ci, l'intervention a eu lieu pour mettre fin à des jets de pierres de jeunes Palestiniens sur des touristes qui visitaient ce site, considéré comme le troisième lieu saint de l'Islam.

Une vingtaine de ces manifestants avaient auparavant passé la nuit dans une des mosquées pour, selon eux, empêcher des «colons extrémistes israéliens» de pénétrer sur l'esplanade à l'occasion de Pourim, le carnaval juif, célébré dimanche et lundi à Jérusalem. Le mur occidental, dit mur des Lamentations, vestige du troisième Temple, est le lieu le plus vénéré du Judaïsme. Malgré cette tension, les incidents ont finalement été limités. Deux policiers ont été blessés et une dizaine de Palestiniens arrêtés. Mais ce qui pourrait apparaître comme une simple escarmouche traduit un malaise plus inquiétant.

L'esplanade des Mosquées avait déjà été en 2000 l'endroit où la deuxième intifada, le soulèvement palestinien, avait débuté. Une visite controversée d'Ariel Sharon, à l'époque chef de l'opposition de droite, avait servi de déclencheur à une explosion de violences qui avait duré plusieurs années. Cette fois-ci, tous les ingrédients semblent à nouveau réunis pour qu'un tel scénario se reproduise. Aucun processus de paix sérieux n'est en vue et Benyamin Nétanyahou a tendance à mettre de l'huile sur le feu, selon une bonne partie des médias.

Le premier ministre a récemment annoncé que deux lieux saints, le Caveau des Patriarches, à Hébron, et le Tombeau de Rachel, à l'entrée de Bethléem, figuraient sur une liste des sites du patrimoine d'Israël à protéger. Cette décision a chauffé les esprits à blanc du côté palestinien. Les deux monuments se trouvent en effet en Cisjordanie et le Caveau des Patriarches constitue un lieu saint aussi bien pour les juifs que pour les musulmans. Les Palestiniens accusent Israël de vouloir «l'annexer» et des manifestations presque quotidiennes ont lieu depuis une semaine à Hébron.

Les islamistes du Hamas, qui contrôlent d'une main de fer la bande de Gaza depuis plus deux ans, ont sauté sur l'occasion pour appeler à une «troisième intifada». Les dirigeants de l'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas dénoncent les risques d'une nouvelle «guerre des religions», mais refusent pour le moment de céder au piège de l'escalade de la violence. En Israël même, le président Shimon Pérès a pressé Benjamin Nétanyahou de faire preuve de «retenue» et d'un peu plus de doigté lorsqu'il touche à des dossiers aussi explosifs que les lieux saints.