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La Guinée nouvelle

Togo: les autorités françaises font profil bas



En avril 2005, Paris n'avait pas eu ces pudeurs. Quelques jours à peine après l'élection présidentielle au Togo, le ministre des Affaires étrangères de l'époque, Michel Barnier, avait évoqué
«un déroulement globalement satisfaisant» du scrutin. Sur place, de multiples incidents avaient pourtant émaillé cette élection jouée d'avance, tant il était clair que le clan du défunt président Eyadéma, décédé deux mois auparavant, n'entendait pas lâcher le pouvoir et les rentes de situation afférentes.



Pour mémoire, une chaîne de télévision française avait filmé des militaires débarquant dans un bureau de vote pour embarquer les urnes... Les ressortissants français installés à Lomé firent les frais du parti pris affiché par leur gouvernement.
Plusieurs agressions eurent lieu contre des intérêts hexagonaux, et nos compatriotes vécurent dans l'angoisse durant quelques jours. Rien de comparable, toutefois, avec la Côte d'Ivoire, où quelques mois auparavant, une véritable chasse aux Français eût lieu.



Cinq ans plus tard, les autorités françaises ont fait profil bas.

Contrairement à l'Union africaine, qui s'est empressée de reconnaître la victoire du sortant, Faure Gnassingbé, pas question, cette fois, de se prononcer sur les résultats de l'élection avant que le nom du vainqueur ne soit officiellement confirmé par la Cour constitutionnelle togolaise.



C'est chose faite depuis ce jeudi: le fils d'Eyadéma a remporté, selon les chiffres officiels, l'élection avec 60,88% des voix contre 33,93% à son principal adversaire, Jean-Pierre Fabre. L'opposition, qui a dénoncé
des fraudes massives, n'a pas réussi à mobiliser l'opinion qui, vraisemblablement, reste traumatisée par la féroce répression de la contestation qui suivit le scrutin en 2005.




Plusieurs centaines de personnes furent tuées, à Lomé mais aussi dans plusieurs villes de province. Mais si la France s'abstient, désormais, de saluer unilatéralement la victoire des dirigeants amis dans son ancien pré carré, elle ne va pas jusqu'à dénoncer les conditions douteuses dans lesquelles se déroulent ces scrutins. On l'a vu au Gabon en août dernier. Le Togo illustre à nouveau cet état de fait. De manière diplomatique, l'ex-puissance coloniale appelle simplement de ses voeux à «l'approfondissement de la démocratie».

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